Les agriculteurs sont appelés à voter tous les 6 ans pour élire leurs représentants dans les chambres d’agriculture. Du 15 au 31 janvier 2025, 5 syndicats : FNSEA, JA (Jeunes agriculteurs), Coordination rurale, Confédération paysanne, Modef, vont se disputer la représentativité de leur profession.

Pour ces élections, la FNSEA et les JA ont à nouveau décidé de présenter des listes communes.

 En 2019, ils recueillaient près de 55 % des suffrages et détenaient la présidence de 97 chambres sur 101.

Rien ne garantit qu’un tel score puisse être renouvelé en 2025.

D’une part parce que l’abstention avait été massive en 2019 (de l’ordre de 54%), d’autre part parce que le mode de scrutin (proche de celui des élections municipales) donne une prime en sièges à la liste arrivée en tête.

De plus, la campagne électorale permanente qui dure depuis plus d’un an aura mis en exergue l’impossibilité de la FNSEA et des JA à porter et satisfaire les revendications agricoles.

Certes la FNSEA n’a pas de ministre au Gouvernement, mais elle n’a pas réussi à infléchir sa politique. Rien n’a été garanti sur le Mercosur, rien n’a été obtenu sur les rémunérations des divers producteurs.

L’utilité de la FNSEA, comme cogestionnaire est donc directement remise en cause aux yeux de la profession.

Une profession qui n’a pas été protégée des effets de la mondialisation.

Une des premières réponses qui va être apportée par ces élections c’est l’impact des mesures ultralibérales sur les agriculteurs

À quelques mois d’écart, les agriculteurs qui se sont opposés à l’ultralibéralisme risquent d’être tentés de sanctionner dans les urnes ceux qui ne les protègent pas.

Si l’on garde en mémoire les effets de la réforme des retraites, qui présentait un même alignement illibéral, les conséquences sur les élections peuvent être ravageuses pour le pouvoir en place.

Dans l’agriculture, le pouvoir en place (même indirect) c’est la FNSEA et les JA. C’est donc eux, comme les macronistes, qui peuvent être sanctionnés lors de ces élections.

La FNSEA et les JA pourraient être sanctionnés pour une cogestion inefficace, la Coordination rurale progresser pour son corporatisme et la Confédération paysanne être récompensée pour son opposition globale au Mercosur et aux modèles productivistes.

L’autre enjeu et non le moindre de ces élections, c’est le financement public des syndicats d’agriculteurs. Il est fixé à 14 millions d’euros par an.

Actuellement 75 % des dotations sont versées proportionnellement au nombre de voix obtenues par chaque organisation syndicale.

Il est évident que ces sommes seront utilisées différemment par la FNSEA et par la Confédération paysanne.

Dans un résumé on ne peut plus synthétique des positions en présence, les dirigeants syndicaux se sont retrouvés sur la chaîne LCP. Avant de débattre, chacun d’entre eux avait 30 secondes pour présenter son organisation :

  • Véronique Le Floc’h, présidente de la Coordination rurale a revendiqué : « La défense d’exploitations familiales libres et indépendantes. »,
  • Pour Arnaud Rousseau, président de la FNSEA et du puissant groupe agro-industriel AVRIL, c’était : « L’ambition de s’engager avec les hommes et les femmes qui ont le goût d’entreprendre. »,
  • Pour Pierre Horel, président des JA c’était : « Avoir des agriculteurs bien dans leurs baskets, prêts à relever le défi climatique. »,
  • Pour Laurence Marandola, porte-parole de la Confédération paysanne c’était : « La priorité, c’est de garder des fermes nombreuses et non pas quelques grandes firmes. ».

Normalement, au vu de ces déclarations, c’est assez facile de voter entre le 15 et le 31 janvier.