Le montage qui faisait la fierté du maire de Béziers vient d’être recalé par la chambre régionale des comptes d’Occitanie (CRCO). C’est le crash annoncé du bricolage municipal.

Trois ans après, la CRCO vient de signifier ce que tout le monde savait à Béziers. La ville n’avait pas le droit de se substituer à un opérateur privé pour reprendre le club professionnel de rugby, l’ASBH.

Tout remonte à 2021. Le club historique de la ville est exsangue financièrement et menacé de rétrogradation administrative. Le maire de Béziers décide seul, comme tout ce qui concerne la ville de devenir propriétaire et de racheter aux principaux actionnaires, les parts qu’ils détiennent dans la société « Passion Ovalie ».

2024, la CRCO juge cette solution présentée comme transitoire, mais qui dure depuis trois ans, en inadéquation avec les dispositions légales qui encadrent les participations des collectivités dans les sociétés commerciales.

Sur la période examinée de 2018 à 2023, le club composé de deux structures (une association « amateur » et une société professionnelle) a touché 7,1 millions d’euros de subventions publiques (dont 4,8 millions de la ville de Béziers).

Cette somme représente 17 % des produits d’exploitation, soit plus du double des concurrents de l’ASBH en championnat de pro D2.

À cela s’ajoute les subventions exceptionnelles (1,25 millions d’euros) versés par la ville pour maintenir les équilibres financiers de la société professionnelle, des aides qui ne sont pas prévues par le code du sport.

L’ASBH bénéficie en plus d’une dispense de redevance pour la mise à disposition du stade, de loyer pour l’occupation de la brasserie, d’une aide de 400 000 euros par saison pour « Une aide technique et humaine ».

La CRCO indique en outre que la commune supporte les frais de fonctionnement du stade (562 000 euros par an) et qu’elle a investi 1 million d’euros pour refaire la pelouse.

Malgré toutes ces aides publiques, selon la CRCO : « Le modèle économique de la SASP reste structurellement déficitaire ».

Pour la CRCO, la SCIC créée par la ville pour prendre le contrôle du club est en réalité une simple « holding de détention de la SASP ».

C’est bien là tout le problème. Ménard, a voulu monter une holding à partir de fonds publics, ce qui est juridiquement impossible.

En tentant d’effacer la gestion (calamiteuse il est vrai !) des anciens actionnaires, le maire de Béziers a mis un couvercle sur : « des pratiques douteuses » qui ont facturé plus de 800 000 euros de conseils entre 2018 et 2021.

La CRCO a bien sûr demandé des éclaircissements sur ces prestations facturées. Elle conclue : « les documents remis par le club et « Passion Ovalie » n’ont pas permis d’apprécier la consistance et la réalité des missions. »

Avec l’ASBH comme avec tout le reste, Ménard a fait du Ménard. Il a voulu ramener la réalité économique et juridique à sa réalité. Comme la ville, le club et ses supporteurs sont des otages de sa mégalomanie.

Les effets de cette mégalomanie sont une véritable bombe à retardement dont on peut se demander quand et comment elle va exploser.

Comment vont réagir les instances politiques, publiques, juridiques, administratives, sportives ?

Quelles suites vont être données à ces révélations de la CRCO ?

Un chose est sûre, le crash annoncé du bricolage municipal autour de l’ASBH.

 

(L’entièreté du document de la CRCO est disponible en ligne sur le site de cette structure, il fait 55 pages. Légalement il a une valeur consultative, mais les autorités et structures : juridiques, administratives, sportives, politiques, peuvent s’en emparer si elles décident de porter plainte)

À la suite du rapport de la CRCO, le maire de Béziers activerait la vente de l'ASBH à un opérateur privé dans les jours à venir. Si c'est la cas, nous y reviendrons la semaine prochaine.