Dans La Dépêche, quotidien toulousain du groupe Baylet qui possède toute la presse grand public d’Occitanie, quand on fait un dossier sur l’éolien industriel il faut obligatoirement que l’on ait au moins une interview d’Agnès Langevine, vice-présidente de la Région en charge de la transition énergétique, au point qu’on pourrait se demander si elle ne fait par partie de la rédaction.

"Le développement des parcs éoliens est d’abord un projet de territoire. Ce sont les acteurs des territoires qui doivent prendre la main sur l’implantation, les enjeux d’intégration, le modèle économique. C’est le territoire qui décide. La Région se positionne comme accompagnateur avec des études de faisabilités indépendantes, des études pour travailler le modèle économique du parc, un accompagnement à la concertation avec la population."
Agnès Langevine - La Dépêche du 5 juillet 2021

Dans un des derniers numéros, celle-ci défend la politique de la Région en faveur de l’éolien en l’associant à un désir des territoires dont on ne sait jamais comment ils se définissent ni comment ils posent les projets qu’on leur prête. Les territoires sont aujourd’hui comme les « quartiers » en zone urbaine : des fictions sur lesquelles on construit un discours et où on assigne des populations.

"Le développement des parcs éoliens est d’abord un projet de territoire."
Faux, les parcs éoliens sont les projets des promoteurs qui démarchent des propriétaires terriens et des communes qu’ils rémunèrent pour installer leurs machines le plus souvent en évitant d’informer la population locale.

"Ce sont les acteurs des territoires qui doivent prendre la main sur l’implantation, les enjeux d’intégration, le modèle économique."
On ne sait pas de quels acteurs Agnès Langevine parle mais, quoiqu’il en soit, ce sont les promoteurs qui choisissent les lieux d’implantation. C’est même en fonction de ces choix qu’ils prospectent. Les enjeux d’intégration sont minimisés au maximum pour obtenir le permis de construire quant au modèle économique… le modèle économique c’est une éolienne qui produit autant d’électricité qu’elle peut avec toute sa production obligatoirement absorbée par le réseau et payée à un prix garanti pendant 15 ans ce qui assure une rentabilité maximum.

"C’est le territoire qui décide"
Faux, le territoire, dont on ne sait toujours pas comment il est défini, ne décide de rien, c’est le préfet qui signe. Et s’il refuse l’implantation du parc, le promoteur fait appel devant le tribunal administratif même si, comme à Puissalicon (34), la population est contre, la communauté de communes est contre et le commissaire enquêteur a émis un avis défavorable.

"La Région se positionne comme accompagnateur avec des études de faisabilités indépendantes, des études pour travailler le modèle économique du parc, un accompagnement à la concertation avec la population."
Là, Agnès Langevine devrait produire les études de faisabilité que la Région a réalisé pour des parcs éoliens d’Edf, Engie, Valeco, Valorem ou autres et expliquer en quoi ils en avaient besoin. En ce qui concerne le modèle économique à travailler, là on est dans la farce (voir plus haut).

Enfin, on se demande pourquoi il faudrait un accompagnement à la concertation avec la population dans la mesure où il s’agit d’un projet de territoire ? On en revient à la question première : qu’est-ce qu’un territoire ? Sa population en fait-elle partie ou n’est-elle qu’un handicap à son « développement » ?
La Dépêche a raison d’inviter systématiquement Agnès Langevine à ses dossiers sur l’éolien, elle nous fait chaque fois progresser dans l’apprentissage de la nov langue : la guerre c’est la paix.