On en parle peu de ces "petits" candidats qui militent aussi pour cette idée saugrenue qui nous titille toutes et tous : un autre monde est possible ! Ce sont les candidats de la décroissance ! Ils se sont évidemment présentés pour témoigner et non pas pour être élus ! J'avais envie de leur rendre hommage dans cette chronique.

Prenons Pascal, son slogan ? "Urgence décroissance, nos vies nous appartiennent !"  .Il a mené campagne de façon traditionnelle car le numérique, dit-il, est bien plus polluant et énergivore que le bon vieux papier.Son programme ? Ecologique bien sûr mais c'est devenu un passage obligé pour tous les candidats rivalisant de platitudes sur le sujet. Loin des centaines de propositions contenues dans d'autres programmes, le sien se résume à 25 mesures. regroupées sous 5 rubriques : "La dictature techno-sanitaire ça suffit" qui fait référence à la période Covid ; "Pas touche à nos enfants" où l'on trouve en particulier l'interdiction de la GPA et le bannissement des écrans dans le primaire; La vie avant l'économie qui préconise entre autres la relocalisation des productions essentielles; SOS démocratie qui propose la constitution d'assemblées de citoyens et "Moins de biens plus de liens, devise bien connue de la décroissance. Il s'est présenté dans la 7ème circonscription des Hauts de Seine : 142 voix, 0,30%.

On continue avec Lionel qui se présente au nom de BROUETTE un micro parti du Morbihan pour faire entendre une "autre voix". Quand on lui demande et votre programme c'est quoi ? Il répond : pas de programme ... mais seulement le constat de la fin d'une civilisation , inévitable, qu'il nous faudra solutionner ensemble. Si nous voulons opérer un atterrissage en douceleur néologisme, alliage de douceur et douleur, il faudra obtenir l'implication de tous dans le merdier commun. Si je suis élu, je serai le grain de sable, fini le temps des mains propres dit-il ! 3ème circonscription du Morbihan :  1 281 voix, 2,68%.

Parlons de Simon à présent :  Engagé dans une démarche de simplicité volontaire, il pense que le niveau individuel ne suffit pas pour changer les choses. Il est donc convaincu par l'action collective. Il souhaite partager un constat, un trajet, et un projet. Son programme s'articule autour de 5 thématiques : respecter les limites de la nature, combattre le déferlement technologique, faire décroître les inégalités, sortir de l'emprise  de l'économie et de la vitesse et repolitiser la société. Comme enseignant, il constate que les jeunes générations souhaitent vraiment changer les choses. N'étant pas prêt à d'autres modes d'action qu'il trouve utiles par ailleurs, il participe donc aux élections. Sa devise : "La réussite c'est d'aller d'échecs en échecs sans perdre son enthousiasme" . 2ème circonscription du Maine et Loire : 209 voix, 0,45%.

Enfin Félix se présente au nom de "Décroissance Elections" qui a choisi d'être un mouvement pour ne pas sombrer dans le piège électoraliste et démagogue tout en participant à des élections à zéro euro. Premier objectif faire rentrer le concept de décroissance dans le débat politique  en permettant l'inscription d'un maximum de candidats dans toute la France. Second objectif : construire le chemin démocratique vers la décroissance c'est à dire voulu, débattu et non pas imposé. Félix ne croit pas aux simples alternatives pour changer la société comme il ne croit pas non plus que le processus électoral ou qu'un pouvoir quelconque puisse la transformer. Il faut avoir un pied dans les deux, dit-il. Son programme ? les 3 "J" :  la décroissance comme reJet (exemple le nucléaire), la décroissance comme proJet (la simplicité) mais également comme  traJet et c'est bien cela qui est éminemment politique à savoir bâtir des ponts entre les initiatives en intégrant un rapport de force capable de protéger à la fois le rejet et le projet. 3ème circonscription des Vosges : 250 voix, 0,78%.

 Ces quatre candidats parmi d'autres représentent une autre façon de faire de la politique, de penser le commun, l'avenir. Pleinement ancrés dans le collectif, ils ont peu la parole, une parole confisquée plus que de raison par les voix officielles du débat public !

 Merci au journal La décroissance N°190 de juin 2022