La force du libéralisme, c’est de faire croire qu’il peut-être un ascenseur social. Mais les chiffres sont têtus, pour quelques « success story » combien de déçus ?

En introduction à la projection du film « Sans emploi, mais pas sans travail » qui sera diffusé par EVAB le samedi 11 mai 2024 à 18 h à la Cimade je vous propose une série de portraits de premier et dernier de cordée de la « macronie ». Noblesse oblige, je commence cette série de portraits par Emmanuel Macron

  • Emmanuel Macron, un pur produit de la bourgeoisie

Avant de faire de sa personne un produit public en baptisant son mouvement « En Marche » de ses propres initiales, Macron est né en 1977 dans la haute bourgeoisie de province.

Après avoir été très tôt formaté (leçon de piano, lycée jésuite, concours d’éloquence du Rotary Club), il fait sa khâgne à Henri IV, échoue deux fois au concours de l’École normale supérieure, puis à défaut de la rue d’Ulm, file faire ses classes rue Saint-Guillaume, à Sciences po. Il est reçu à l’ENA en 2002, intègre l’inspection des finances en 2004.

Le jeune haut fonctionnaire prometteur devient rapporteur adjoint de la commission Attali, qui rassemble économistes, hauts fonctionnaires, chefs d’entreprises et éditorialistes en vue.

Il rejoint en 2008 la banque Rothschild, dont il devient vite associé-gérant. Il exerce comme banquier, empoche d’après les informations disponibles, un salaire fixe de 400 000 euros par an, auquel il convient d’ajouter de coquettes parts variables, pouvant atteindre plusieurs millions d’euros (2,8 millions d’euros à l’occasion du rachat par Nestlé d’une branche de Pfizer).

En même temps, il cultive ses réseaux hors des milieux financiers, dans l’espace médiatique et dans le monde culturel.

Il met également ses compétences « au service » de François Hollande, candidat socialiste à la candidature, en participant au groupe d’experts réuni à La Coupole.

La victoire de Hollande le propulse à l’Élysée, en qualité de secrétaire général adjoint. Déçu de pas avoir obtenu le poste de secrétaire général, il quitte le palais en 2014 et envisage de revenir dans le privé pour « monter sa boîte », Macron Partners.

Mais après avoir débarqué Montebourg, Hollande le nomme ministre de l’Économie et des finances. La suite est connue : progressivement, le jeune ministre prend ses distances avec Hollande. En 2016, il crée son mouvement « En Marche » qui le ramène en tant que Président en 2017 à l’Élysée.

Ce bref résumé biographique, suffit à démontrer qu’Emmanuel Macron n’est pas « l’outsider » qu’il prétend être. Depuis toujours, il évolue dans les cercles restreints de la bourgeoisie.

Pire, on pourrait même dire que Macron coche toutes les cases d’un « insider » : homme, issu d’un milieu aisé et diplomé, passage par les grandes écoles du pouvoir, connexion avec le pôle économique et financier de la classe dominante, appartenance à des lieux soi-disant neutres.

Tous ces attributs sociologiques prédisposent dans le champ politique actuel, à atteindre les sommets de l’État.

Il apparait aujourd’hui comme l’incarnation extrême d’une élite politique usagée : énarque comme VGE, Chirac, Hollande, passé par l’inspection des finances comme Chaban, Rocard, Juppé, membres de plusieurs cabinets d’experts et « think tanks ».

Dans cette reproduction du même, il n’y a pas d’ascenseur social. Il faut surtout être né du bon côté de la bourgeoisie.

C’est pour ça que la bourgeoisie quand on lui parle de la vie, du travail, du chômage, de la maladie, répond chiffre, euros, « plan de retour à l’équilibre », « concurrence », « compétitivité ».

Leur monde n’est à ce point pas le notre que chez eux il suffit de traverser la rue de l’Élysée pour trouver du travail.

 

(Cette série de portraits est issue du livre « Le nouveau monde, tableau de la France néolibérale » parut aux éditions Amsterdam en 2021, 1043 pages, 29 euros. Certains passages sont des extraits de lecture. Je vous conseille vivement l’achat de cette photographie du soi-disant « Nouveau monde » capitaliste)