Le 21 avril 1961, voilà 61 ans, quatre généraux français tentent de soulever les militaires stationnés en Algérie et les Pieds-noirs dans un effort désespéré pour maintenir l'Algérie à l'intérieur de la République française. C'est le putsch d'Alger qui va piteusement échouer en quatre jours.

Trois ans plus tôt, en mai 1958, le général Charles de Gaulle a été ramené au pouvoir à la faveur d'un vrai-faux coup d'Etat provoqué par ses fidèles, alliés pour la circonstance avec les partisans du maintien de l'Algérie française.

Personne à vrai dire ne connaît la conviction intime du général De Gaulle. Celui-ci, dans le passé, s'est montré favorable à la colonisation. Mais il est également conscient des nouvelles réalités qui rendent tout autant impossible l'intégration de l'ensemble des Musulmans algériens dans la communauté nationale et leur maintien dans un statut d'infériorité.

L'enthousiasme des Pieds-Noirs est à son comble quand ils entendent à Mostaganem le général de Gaulle proclamer : «Vive Mostaganem! Vive l'Algérie française ! Vive la République ! Vive la France !». Mais, le doute va s'installer.

En septembre 1958, le FLN indépendantiste constitue un Gouvernement provisoire de la République algérienne (le GPRA) en vue d'offrir un interlocuteur compétent aux nouvelles autorités françaises.

Le général de Gaulle promet une «paix des braves» à l'ennemi. Le 16 septembre 1959, dans une déclaration télévisée à grand retentissement, de Gaulle évoque pour la première fois le «droit des Algériens à l'autodétermination» !

Les militants de l'Algérie française qui ont porté le général de Gaulle au pouvoir commencent à ruer dans les brancards. Ils s'estiment trahis. Les Pieds-noirs, dépités, s'insurgent à Alger au cours d'une meurtrière «Semaine des Barricades», du 24 janvier au 1er février 1960.

Au cours d'une «tournée des popotes» auprès des militaires d'Algérie, le président de Gaulle fait un pas de plus vers la décolonisation. Il annonce une «Algérie algérienne liée à la France». Dans le même temps, les unes après les autres, les colonies d'Afrique (Cameroun, Togo, Madagascar...) se voient accorder leur indépendance.

Le 8 janvier 1961, le peuple français approuve par référendum le principe de l'autodétermination des Algériens de toutes conditions (75,25% de oui en métropole et 69,09% en Algérie). Deux mois plus tard, le gouvernement annonce officiellement l'ouverture de pourparlers avec les représentants du GPRA

De Gaulle parle désormais de l'Algérie comme d'un «État souverain».

Cette déclaration survient dans un climat de décolonisation hâtive. L'opinion publique, en métropole, a hâte d'en finir avec une guerre de sept ans où de nombreux jeunes gens ont déjà perdu leur vie ou leur honneur.

En Algérie, beaucoup d'Européens s'inquiètent de leur sort et ne croient pas à une coexistence possible avec la majorité musulmane dans le cadre d'un État souverain. Leur désespoir rejoint celui de nombreux militaires qui entrevoient un nouveau recul de la France après le lâchage de l'Indochine. Ils s'indignent d'avoir vaincu pour rien l'ennemi sur le terrain.

Le général d'aviation Maurice Challe (55 ans), qui fut nommé commandant en chef en Algérie par le président de Gaulle, démissionne. Il est sollicité par un petit groupe de colonels en opération en Algérie, indignés par la tournure des événements. Ces militaires d'active, qui ont été défaits en Indochine, ne supportent pas de perdre l'Algérie sans avoir été, cette fois, battus.

Challe se décide à franchir le Rubicon. Il convainc l'ancien général d'aviation Edmond Jouhaud et le général d'artillerie André Zeller de le rejoindre dans une nouvelle «Révolution». Raoul Salan, en exil à Madrid revient à Alger Il s'agit de réitérer le coup du 13 mai 1958 mais cette fois contre le général de Gaulle.

Challe reçoit discrètement à Alger le commandant Hélie Denoix de Saint Marc, chef par intérim du 1er régiment étranger de parachutistes . Il l'invite à le rejoindre dans le complot. C'est chose faite avec la prise de contrôle d'Alger par les parachutistes, dans la nuit du 21 au 22 avril.

À l'aube du samedi 22 avril, à 8h45, le général Challe s'exprime sur Radio-Alger

A Paris le gouvernement fait arrêter les sympathisants des putschistes. Tout est fini à six heures du matin. On n'a à déplorer que quelques attentats au plastic, à Orly et à la gare de Lyon.

En Algérie même, Challe se contente d'arrêter les représentants du gouvernement. Il se refuse à armer les Pieds-noirs qui le soutiennent.

Il a la satisfaction d'être rejoint par le prestigieux général Raoul Salan qui a quitté son exil espagnol à la barbe des autorités et est arrivé à Alger. Raoul Salan est celui-là même qui, le 15 mai 1958, a fait acclamer le nom du général De Gaulle à Alger.

Les quatre généraux forment un «Conseil supérieur de l'Algérie». Mais ils n'arrivent pas à rallier les officiers de haut rang et se heurtent surtout à l'hostilité des jeunes appelés du contingent, indifférents pour la plupart à ces querelles sur l'avenir de l'Algérie.

Charles de Gaulle laisse les généraux factieux s'enferrer, avec le secret dessein de dramatiser la situation. Le dimanche soir 23 avril, il apparaît en uniforme à la télévision et lance des mots qui font mouche :

Le lendemain, les syndicats organisent symboliquement une grève générale d'une heure qui est massivement suivie. C'en est fini de l'insurrection algéroise.

Le mardi 25 avril, le gouvernement reprend en main la radio d'Alger cependant qu'Hélie Denoix de Saint Marc et Maurice Challe se livrent aux autorités. Ils seront amnistiés cinq ans plus tard, en 1968, de même qu'André Zeller. Quant aux généraux Salan et Jouhaud, ils rentrent dans la clandestinité et prennent la tête de l'OAS (Organisation de l'Armée Secrète), créée à Madrid deux mois plus tôt.

Pendant le putsch d'Alger, les négociations secrètes engagées entre le gouvernement français et les représentants du GPRA  ne se sont pas interrompues, d'abord à Melun, en juin 1960, puis à Evian...ils aboutiront le 19 mars 1962 au cessez- le feu et à l'indépendance de l'Algérie.

Dès son élection, à Béziers, le maire de la ville  a débaptisé la rue du 19 mars 1962 (date infâme pour lui) pour la nommer Hélie de Saint Marc à la grande satisfaction des nostalgiques de l'Algérie Française pour qui il est un héros national.

mais c'est une autre histoire !

 

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