Le 27 mars 1854, voilà exactement 169 ans, débute la guerre de Crimée, ainsi dénommée d'après le lieu principal où vont se dérouler les hostilités : la presqu'île de Crimée et sa capitale Sébastopol, au nord de la mer Noire.

Grande puissance diplomatique depuis 1815, la Russie veut profiter de l'affaiblissement de l'Empire ottoman pour accroître son influence vers les Balkans par le contrôle des détroits du Bosphore et des Dardanelles.

Mais le refus de Constantinople de céder à la Russie la protection des chrétiens orthodoxes dans l'Empire ottoman déclenche la guerre en 1853.

Le 12 mars 1854, la France et le Royaume-Uni concluent un traité d'alliance avec la Turquie. Elles déclarent donc à leur tour la guerre à la Russie.

Nous sommes le 27 mars 1954

Un corps expéditionnaire franco-anglais  sera envoyé sur place en septembre 1854 et débarque à Eupatoria. Mais les opérations militaires sont mal organisées et se déroulent dans des conditions désastreuses. La première grande victoire des Alliés, a lieu à l'Alma, le 20 septembre 1854. A Balaklava, Russes et Britanniques s'affrontent en octobre. Si les Russes sont chassés, ils restent maîtres des positions fortifiées. La bataille d'Inkerman a lieu le 26 octobre et se révèle particulièrement meurtrière dans les deux camps.

Sans compter qu'une grande partie de la troupe sera même décimée par le choléra et le froid qui tuent des milliers de soldats.

En dépit de ces deux batailles de l'Alma et d'Inkermann (charge de la brigade légère à Balaklava), aucune victoire décisive n'est possible en 1854.

Après de multiples combats, les troupes franco-anglaises finissent par  assiéger la forteresse de Sébastopol qui tombera en 1855 mais le cessez-le-feu n'aura lieu que le 1er avril 1856.

Le siège du port russe de Sébastopol, est le principal épisode de la guerre de Crimée. Il dure 11 mois, du 27 septembre 1854 au 11 septembre 1855.

Les soldats de la forteresse de Sébastopol voyant leur avenir compromis décident de se rendre le 26 novembre 1855. C'est en effet la prise de la position fortifiée de Malakoff (Bataille emblématique de la guerre)  le 8 septembre par les Français dirigés par le maréchal Mac-Mahon qui permet d'obtenir la reddition des Russes.

En tout, la guerre de Crimée aura fait 700 000 morts, dont 460 000 morts de maladie (choléra, typhus, scorbut…). Rien qu'au premier trimestre 1856, près de 40 000 soldats français en sont morts. Les alliés ont engagé 220 000 hommes et dans les différents camps, on recense :

•       450 000 morts russes (soit près de deux tiers des victimes) ;

•       120 000 morts ottomans ;

•       100 000 morts français ;

•       21 000 morts britanniques ;

•       2 000 morts sardes.

Cette guerre a été marquée par la puissance du feu, l'apparition du télégraphe et l'emploi d'anesthésiques en chirurgie.

Le Congrès ouvert à Paris le 25 février 1856 aboutit au traité de paix du 30 mars 1856, qui entérine la défaite de la Russie.

C'est la mort du tsar Nicolas Ier, en 1855, qui avait ouvert la voie à la paix. Menacé par des troubles à l'intérieur de son empire, Alexandre II décide d'abandonner Sébastopol. Après l'occupation de Sébastopol par les alliés, leur victoire est consacrée.

Le traité de paix est signé à Paris le 30 mars 1856. La Russie est évincée des Balkans et la défaite poussera le tsar à mettre en œuvre des réformes de modernisation de la société russe. L'intégrité de l'Empire ottoman et des principautés danubiennes est désormais garantie par les puissances européennes. La neutralisation de la mer Noire s'accompagne de la liberté de circulation sur le Danube.

La paix, est un triomphe pour la politique de Napoléon III et est considérée comme une réussite de la diplomatie française . La France qui, sur le plan militaire, a été plus brillante que l'Angleterre, réussit à la fois à rétablir son prestige.

Une Angleterre alliée à la France, une Russie affaiblie, une Autriche isolée et une Prusse sans influence : tels sont les résultats politiques de la guerre de Crimée. En pratique, la Russie cède une partie de la Bessarabie, la Moldavie, et accepte la libre navigation sur le Danube et la neutralisation de la mer Noire ; l'Empire ottoman était placé sous la garantie des puissances signataires.

Les conséquences politiques de la guerre de Crimée sont multiples :

• en Russie, le nouveau tsar Alexandre II est poussé à abolir le servage (en 1861) ;

 • en France, Napoléon III restaure le prestige du pays sur la scène internationale et réussit à briser son isolement diplomatique,  à défaire le système de 1815 avec la fin du Concert européen créé par le congrès de Vienne en 1815 (alliance entre l'Empire d'Autriche, le royaume de Prusse, l'Empire de Russie et le Royaume-Uni contre la France)  et la question des nationalités est posée sur la scène internationale.

• l'Angleterre réussit à bloquer la progression russe vers les détroits ;

• l'Empire ottoman est contraint d'accepter l'émancipation des nations balkaniques (Bosnie, Bulgarie...) ;

• l'intervention des Sardes a permis de poser la question de l'unité italienne devant l'Europe ;

• l'Empire autrichien n'ayant pas participé à la guerre de Crimée est mal vu par les deux camps.

 160 ans plus tard on reparle de la Crimée que  la Russie a envahi en 2014. C'est alors un territoire ukrainien. L'année dernière, elle lance une guerre pour envahir l'Ukraine. Ces deux  évènements annoncent-ils une nouvelle guerre de Crimée.

C'est possible mais ... c'est une autre histoire !

Version audio avec illustration musicale sur Radio Pays d'Hérault, à écouter ICI

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