Le 8 janvier 1959, voilà exactement 65 ans, Charles de Gaulle devient officiellement, à 68 ans, le premier président de la Cinquième République française. C'est l'épilogue d'une courte existence de la 4ème république qui, depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, n'a pas su affronter les défis des années 50.
Au sortir de la guerre, La France est très appauvrie, traumatisée par les « années noires » et la tâche est immense. Le gouvernement provisoire s'est mis au travail et va profondément réformer le pays. La France va cependant devoir faire face à tous les drames et toutes les difficultés du monde de l’après-guerre : reconstruction matérielle et morale, inflation et problèmes sociaux, guerre froide et décolonisation.
Née dans des conditions difficiles, la IVème République saura encourager la croissance économique et le progrès social, mais elle ne parviendra pas à faire face aux problèmes politiques : divisée, affaiblie, incapable d’assurer l’autorité de l’état, elle sera emportée dans la tourmente algérienne.
Avec 1,5 millions de mort et des destructions importantes, la France en 1945 est ruinée.
Issues du Conseil national de la Résistance, beaucoup de choses changent sur le plan économique et social :
A savoir l'établissement de la démocratie la plus large possible, le rétablissement du suffrage universel (mais seulement masculin !), la refonte du système éducatif, l'établissement d'un plan complet de sécurité sociale, le retour à la Nation des grands moyens de production monopolisés, des sources d'énergie, des richesses du sous-sol…, le droit au travail et le droit au repos, et enfin une extension des droits politiques, sociaux et économiques des populations indigènes et coloniales.
Après 18 mois passés à la tête du gouvernement provisoire, le général de Gaulle annonce brutalement sa démission en 1946. La raison ? un désaccord avec le Parti communiste au sujet de l'élaboration de la nouvelle constitution. Son absence de la scène politique durera 12 ans.
La France se dote donc en 1946 d'une nouvelle Constitution. C'est le début de la 4ème république.
Année après année l'industrie et l'agriculture remontent la pente et le plein emploi pointe à l'horizon. On appellera la période qui s'ouvre les trente glorieuses.
Mais ce régime de type parlementaire connaît de sérieuses difficultés pour dégager des combinaisons politiques stables, l'essentiel du pouvoir étant détenu par une Assemblée nationale au sein de laquelle ne se dégage pas de majorité claire.
Tout au long des années 50, ce régime d’assemblée ne trouve pas son point d’équilibre. Le mode de scrutin choisi de type proportionnel pour l'élection des députés, s'il donne une vraie représentation démocratique, favorise l'existence de plusieurs blocs de partis dont les incessants revirements d'alliance entraînent de fréquentes chutes de gouvernement.
À partir de 1951, la loi des apparentements incite les partis à se regrouper au sein de coalitions. La Quatrième République connaît, en moyenne, une crise ministérielle tous les neuf jours ! L'instabilité gouvernementale chronique, les combinaisons partisanes, l'impuissance du Parlement et l'incapacité des pouvoirs publics à résoudre le conflit algérien auront finalement raison de cette République.
Le 13 mai 1958, a lieu à Alger une émeute de Pieds-Noirs qui soupçonnait Pierre Flimlin, Nouveau Président du Conseil investi le même jour, d'être favorable à des négociations avec le FLN et craignent qu'il ne « brade l'Algérie ». Des généraux y prennent part, comme Raoul Salan, qui « prend en main les destinées de l'Algérie française », et Jacques Massu. C'est une véritable insurrection ! Le gouvernorat général à Alger est occupé par les activistes. Un Comité « de salut public » est institué et défie l'autorité du gouvernement.
Il réclame le retour de De Gaulle, en qui ils voient probablement l'homme providentiel capable de sauver la situation. L'armée va jusqu'à menacer le gouvernement d'une attaque aéroportée sur Paris. De Gaulle se déclare « prêt à assurer les pouvoirs de la République ».
Pierre Flimlin, qui a rencontré secrètement de Gaulle en pleine nuit pour s'assurer de ses intentions, démissionne finalement. Le président de la République René Coty appelle alors Charles de Gaulle à la présidence du Conseil. Il est effectivement investit le 1er juin.
C'est donc un coup de force que le gouvernement français, dépassé, a légalisé. Il a permis à De Gaulle de revenir au pouvoir grâce à l'armée française qui ne veut pas de l'indépendance de l'Algérie.
Le 3 juin est votée par l'Assemblée nationale et le Conseil de la République la loi constitutionnelle qui annonce une révision de la constitution de la IVe République. Une loi de pleins pouvoirs pour six mois est également votée.
Le projet de constitution (le même que De Gaulle avait présenté en 1946) est achevé pendant l'été puis soumis à référendum .
Charles de Gaulle est élu par un large collège électoral, président de la République française pour 7 ans avec plus de 78 % des suffrages. Il prend ses fonctions le 8 janvier 1959.
Ce n'est qu'à partir de 1965 que le Président de la République sera élu au suffrage universel direct. En 2007, le mandat présidentiel est passé de 7 à 5 ans. Emmanuel Macron, élu en mai 2017 puis en 2022 est le 8ème président de la 5ème République.
Le conflit algérien à l'origine de la chute de la 4ème République s'achèvera en 1962 avec les accords d'Evian qui accordent l'indépendance à l'Algérie...
... mais c'est une autre histoire !