5000 professionnels de la pédiatrie lancent un S.O.S pour sauver leurs missions, leurs patients ( bébés, enfants et adolescents ) et leur profession. Cette interpellation publique du gouvernement et de ses responsabilités tombe dans un contexte où il est de plus en plus difficile d’exercer les missions régaliennes d’éducation, de justice, de santé . . . Ces difficultés ne viennent pas de nulle part, elles sont la résultante d’un démantèlement organisé et délibéré du service public au profit du secteur privé.
Avant le : « quoi qu’il en coûte » et les applaudissements aux infirmières sur les balcons, le montant annuel des aides aux entreprises s’élevait à plus de 140 milliards d’euros. Le coût du seul crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) correspondait en 2017 à 14 milliards, soit le quart des crédits de l’éducation ( 68 milliards) et le double du budget de la justice ( 7 milliards). Conséquence directe de ce « ruissellement », la famille Mulliez, propriétaire d’Auchan, bénéficiaire de 93 millions de CICE en 2013 et 2014, a triplé ses dividendes en 2015 ( 200 millions ).
Ruissellement limité pour les salariés, puisque le CICE transformé en réduction de cotisations patronales en 2019 aura en contrepartie créé seulement 100 000 emplois sans effet réel sur l’investissement.
Ces gigantesques sommes dévolues au secteur privé sont bien sûr autant d’argent en moins attribué au service public.
Pour se convaincre du transfert de fonds opéré entre public et privé il suffit de citer quelques chiffres :
- Depuis 1986 l’état a vendu près de 1500 entreprises publiques où travaillaient plus d’un million de salariés.
- La part de l’emploi public dans l’emploi salarié total est passé de 10,5 à 3,1 % en trente ans.
- Entre 2011 et 2014, le nombre de fonctionnaires travaillant dans les ministères a baissé de 14 % pour ceux de l’économie et des finances, de 18 % pour le pôle santé, l’ensemble constitué par le logement les transports et l’écologie a perdu 27 % de ses agents sous statut.
- L’office national des forêts ( ONF ) à perdu 30 % de ses effectifs, 40 agents se sont suicidés.
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Parallèlement, le nombre de contractuels et de précaires dans la fonction publique ne cesse d’augmenter, ils étaient 350 000 en 2017, depuis leur nombre a crû de 13,9 %. Les agents non titulaires représentent 70 % des personnels des ministères sociaux et de leurs opérateurs.
Le SOS lancé par les professionnels de la pédiatrie est lancé au milieu d’un champ de ruines. Il a la pertinence d’interpeller directement le principal responsable : Macron. De le mettre face à ses responsabilités face aux risques encourus par les patients : bébés, enfants ou adolescents.
Ce type d’appel a un autre avantage, il renverse la charge. Au lieu de prendre sur eux, des milliers de salariés, nomment un responsable, les carences, les responsabilités.
Pour faire vivre et évoluer cette démarche il manque seulement l’engagement collectif qu’en cas de drame l’État sera attaqué en justice, que l’appel sera diffusé partout sous forme de pétition.
Pour reconstruire notre vision de l’État et la faire partager, ce type d’appel est un préalable indispensable. Il dit ce qui nous est nécessaire, incontournable.
Il devrait être suivi d’autres appels, partout dans la fonction publique. C’est presque un préalable nécessaire aux mobilisations sociales à venir.