Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais j’aime cette période hivernale où les rayons de soleil le disputent au froid, où les mimosas sont en fleurs et puis les amandiers. Où on peut déguster sa première omelette aux asperges sauvages. Et admirer la nuit la voie lactée. Vous vous dites "ça y est, elle disjoncte, elle nous fait le coup du colibri et de Mère nature". Mais non ne vous inquiétez pas, j’ai gardé toute ma tête politique. En jouissant de la vue de ces arbres en fleurs je me suis juste posé cette question toute simple : qu’est ce qui me permet de jouir ou pas de la beauté de la vie ? Quel contexte politique me permet d’en jouir ?
On le sait désormais : c’est une énorme erreur de croire que tout est là pour l’éternité et que rien ne peut menacer ce spectacle qui n’est pas qu’un spectacle, mais la possibilité même de notre existence. Ma pauvre poésie vous inquiète et vous confirme dans vos appréhensions ? Vous vous dites que notre chère chroniqueuse elle disjoncte. Je vous le répète, j’ai toute ma tête politique. Il s’agit bien de savoir quel contexte politique va permettre de rendre viable, pérenne et de respecter le système écologique dont nous faisons partie.
Mais pour jouir de l’éclosion des mimosas, il ne faut pas seulement que les abeilles puissent continuer à butiner et que la production de masse, la dévastation de la terre cesse. Il faut également avoir la disponibilité d’en jouir. Ne pas être si préoccupée par ses fins de mois ou harassée par des heures de travail que la vue se brouille. Ne pas être obligé.e de fuir les guerres ou la spoliation des ressources de sa terre. Ne pas offrir sa force de travail aux dieux des gains de productivité. Ne pas laisser ces profiteurs de guerre s’emparer du contrôle de nos vies, de nos corps. Ne pas les laisser nous dresser les uns contre les autres et nous faire accroire que la vie d’un migrant vaut moins que la nôtre.
Vous l’entendez cet appel d’une grande partie de la classe politique à rendre nos vies plus arides, rabougries et mesquines pour satisfaire les intérêts de quelques privilégiés et perpétuer un système mortifère ? Vous entendez ces cris de haine et de violence contre les déshérités, que ce système même a plongés dans le malheur ? cette offense aux intelligences collectives et contre ceux et celles qui en font preuve. Ce délitement du pacte social. Cette mise au pas. Ce rétablissement d’un ordre inégal. Cette contre révolution.
La question est donc bien : quel contexte politique va favoriser l’égalité, la paix sociale, l’écologie, la démocratie, l’épanouissement des intelligences et des corps ?
Vous l’avez compris, comme antidote ce mois-ci je vous propose d’aller respirer l’odeur mellifère du mimosa, et de vous demander en ces temps électoraux – qui ne font pas tout, il est vrai, mais quand même – à quel printemps vous aspirez. Peut-être celui, contre tout pronostic grand médiatique, de la révolution des …mimosas ?