Aujourd'hui, nos moralistes, férus d'ordre républicain,  sont scandalisés de voir des jeunes gens manifester leur solidarité aux Gazouis écrasés sous les bombes, affamés, ballotés du Nord au Sud et du sud au nord, livrés sans défense à une armée qui n'a plus aucune limite.

A croire qu'ils n'ont aucun souvenir ! Au pays de Mai 68 des étudiants qui manifestent, c'est plutôt sain surtout  pour s'indigner du malheur qu'une puissance coloniale fait subir à une population ! Oublié le Vietnam, la guerre d'Algérie ou l'apartheid sud-africain ?

Il faudrait désapprendre la solidarité à nos étudiants ? Il faudrait leur apprendre l'indifférence et la morale du chacun chez soi ?

Le débat sur la Palestine existe depuis des décennies et ceux qui s'offusquent aujourd'hui des slogans et des drapeaux à Sciences Po  sont très souvent des inconditionnels d'Israël. Avec eux, soutenir aujourd'hui Israël, c'est soutenir une extrême droite raciste qui mobilise contre elle de très nombreux israéliens.

La mobilisation des étudiants s'oppose à une mobilisation largement plus importante et autrement plus puissante.

On parle souvent de deux poids, deux mesures. Avec raison, car peut-on mettre en regard un certain désordre qui règne dans les Universités avec les épouvantables massacres que ces étudiants dénoncent ?

Au fond, les étudiants nous donnent à tous une leçon de morale* : contre l'hypocrisie ambiante, contre  l'indifférence, contre la droite, l'extrême droite, contre les médias et certains intellectuels toujours du côté du manche, il n'est pas question de baisser les bras !

Il n'est plus possible de ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire devant le génocide de Gaza, merci aux étudiants de s'en indigner et de le dénoncer !

* Politis N°1808 / Denis Sieffert