Le pacte de la Moncloa est signé en 1977 par différentes forces politiques espagnoles. Son objectif est de mener une « transition démocratique » par le haut, à froid, sans mobilisation sociale.

Ce pacte faustien est conclu entre 4 personnages qu’à priori tout oppose, sauf la soif du pouvoir. En introduction à la projection du film « Amis dessous la cendre » qui sera projeté le 6 avril 2024 à 18 h à la Cimade, nous vous proposons une série de portraits des principaux protagonistes du pacte de la Moncloa. Après Adolfo Suárez, Juan Carlos, Santiago Carillo, place à Felipe González.

Felipe González : « speedy » Gonzàlez, la course au libéralisme

Felipe González Márquez né le 5 mars 1942 à Dos Hermanas dans la province de Séville en Andalousie.

Avocat de profession, licencié en droit à l’université de Séville, il rejoint en 1963, à l’âge de 21 ans, le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) qui est alors clandestin.

Très vite il dirige le PSOE de l’intérieur et impose un cours droitier contre le PSOE de l’extérieur dirigé par Rodolfo Llopis.

Bien que dirigeant du PSOE de l’intérieur il habite en Suisse à Genève, où il travaille comme délégué syndical permanent à la FOBB (Fédération ouvrière des métiers du bois et du bâtiment).

En 1974, à l’âge de 32 ans, il est élu secrétaire général du PSOE. Il conservera ce poste pendant 23 ans.

Élu député en 1977, il représente les socialistes espagnols aux premières élections générales libres de 1977 et 1979.

En 1982, il devient président du gouvernement pendant quatre mandats de 1982 à 1996.

Durant ces quatre mandats il se distingue par l’application de réformes économiques libérales.

Entre 1994 et 1995 plusieurs scandales de corruption conduisent à la démission du ministre de l’Intérieur, du ministre de l’Agriculture et de plusieurs responsables du PSOE.

Sous sa présidence, le chef de la garde civile et le gouverneur de la Banque d’Espagne sont emportés par des affaires de détournements de fonds.

González est de plus soupçonné par la justice espagnole d’être l’instigateur des Groupes antiterroristes de libération (GAL), des escadrons paramilitaires clandestins qui exécutaient des militants indépendantistes Basques et des membres de l’ETA.

Plusieurs policiers condamnés pour des actions du GAL sont graciés par les gouvernements González. En juin 2020, la CIA déclassifie les informations qui confirment que González a autorisé la création du GAL.

Le quotidien « El Diaro » révèle en 2016 que près de 50 % des ministres de González ont rejoint des conseils d’administration et des directions d’entreprises privées.

De son côté, après avoir été chef du gouvernement, González devient lobbyste pour le milliardaire Mexicain Carlos Slim et membre du conseil d’administration de la multinationale « Gas Natural ».

González est propriétaire d’une « finca » de 120 hectares estimée à un million d’euros dans la province de Caceres.

Son épouse est citée dans le scandale des « Panama Papers ».

Les « Dos Hermanas » de son village de naissance sont les deux sœurs jumelles du libéralisme : la trahison et la corruption.

La vie politique de « speedy » Gonzàlez se résume en une course effrénée vers les us et coutumes du libéralisme.

Sur l’échelle de Richter de la corruption, sa participation au pacte de la Moncloa, lui aura permis de passer du statut de patron d’officine au statut de dirigeant de multinationale.

Cette trahison à la cause et à la mémoire du socialisme aura eu deux effets : son enrichissement (et celui de ses affidés), ainsi que la remise en selle de la droite et de l’extrême droite en Espagne.

Cet article clôture cette série sur les « architectes » du pacte de la Moncloa. On se retrouve le 6 avril à la Cimade pour en débattre après la projection du film « Amis dessous la cendre ».

 

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