Le pacte de la Moncloa est signé en 1977 par différentes forces politiques espagnoles. Son objectif est de mener une « transition démocratique » par le haut, à froid, sans mobilisation sociale.
Ce pacte faustien est conclu entre 4 personnages qu’à priori tout oppose, sauf la soif du pouvoir. En introduction à la projection du film « Amis sous la cendre » qui sera projeté le 6 avril 2024 à 18 h à la Cimade, nous vous proposons une série de portraits des principaux protagonistes du pacte de la Moncloa : après Adolfo Suàrez et Juan Carlos, place à Santiago Carrillo.
Santiago Carrillo : une révolution autour de lui-même
Santiago Carrillo est né le18 janvier 1915 à Gijón (Asturies).
Son père Wenceslao Carrillo dirigeant asturien du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) et du syndicat de l’Union générale des travailleurs (UGT) est muté à Madrid pour prendre des responsabilités nationales au sein de ces deux instances.
Apprenti dans une imprimerie, Carrillo adhère très jeune aux Jeunesses socialistes (JJSS) et au syndicat UGT. Grâce à cette double appartenance il devient journaliste au journal « le socialiste ».
Après la proclamation de la seconde république le 14 avril 1931, Carrillo prend en charge la section parlementaire de ce journal.
En 1934, à 19 ans, il est nommé secrétaire des jeunesses socialistes.
À l’arrivée du front populaire en février 1936 il est envoyé en URSS pour négocier (à froid déjà) l’unification des jeunesses socialistes et communistes.
Le déclenchement du soulèvement militaire en juillet 1936 le surprend à Paris.
Le 6 novembre 1936 il adhère au Parti communiste espagnol (PCE) et devient membre de la junte de Madrid. Au sein de la junte il est responsable de l’ordre public.
En 1944, Carrillo prend en charge la réorganisation du PCE en Espagne. Sa première décision est d’arrêter l’invasion du val d’Aran par les guérilleros républicains qui combattaient dans les maquis en France.
Cet arrêt ne l’empêche pas (à froid toujours) de créer des maquis en Espagne jusqu’à leur dissolution en 1952.
La stratégie de guérilla antifranquiste est alors remplacée par une stratégie dite « d’infiltration » des syndicats uniques franquistes.
En 1954, un an après la mort de Staline, il remplace Dolorès Ibarruri comme secrétaire général du PCE.
À partir de 1968, il se rapproche du courant réformiste dit « eurocommuniste ».
Le PCE est légalisé le 9 avril 1977 par le gouvernement d’Adolfo Suárez. Carillo, élu député aux Cortes contribue à la réussite du pacte de la Moncloa en acceptant la monarchie parlementaire et en multipliant les actes publics de réconciliation voire d’allégeance à d’anciens ennemi de la guerre civile et du franquisme.
Carrillo démissionne du poste de secrétaire général du PCE le 6 novembre 1982 après l’avoir occupé pendant 28 ans.
En rupture avec la nouvelle direction, il fonde un nouveau parti qui finit en février 1991 par réintégrer le PSOE.
Carrillo, meurt le 18 septembre 2012 à Madrid à l’âge de 97 ans.
Toute sa vie, Santiago Carrillo aura donc organisé des révolutions de palais. Sa grande œuvre est d’avoir réalisé une révolution autour de lui-même en passant du PSOE au PCE pour revenir au PSOE.
Au vu de ce CV sa contribution au pacte faustien de la Moncloa est tout son étonnante. Carrillo était programmé pour réaliser une énième révolution de palais.