A gauche, avenue de La Gaillarde, à droite rue des Roses, et à l’angle de l’avenue d’Assas, à Montpellier, la maison de Lafon, un copain, son père voyageur de commerce stocke de l’essence dans des jerrycans de 50 litres depuis des années (au cas où).
Il y en a plein la cave. C’est là que je vais remplir le réservoir de mon Solex en ce mois de Mai 68.
Je peux rouler vers nulle part et je roule. Le joli mois de Mai est assez loin de moi qui doit passer le Bepc parce qu’il faut le passer comme j’ai déjà passé la confirmation et la communion solennelle. Je comprends au passage que mon père est allé à une manifestation sur la Comédie, lui qui n’y va jamais, même si, comme ma mère, il fait grève chaque fois que le syndicat des instits le dit.
À la manif il y avait des pour et des contre, les uns chantaient La Marseillaise, mon père a peut-être chanté l’Internationale. Ma sœur aussi a « participé » : à la fac de droit de Montpellier, il semble qu’ils ont fait une journée de grève, pas suivie par la majorité, mais quand-même.
Quelques années plus tard j’aurais l’occasion d’apprécier l’ambiance de cette faculté qui n’a rien à envier à la fac d’Assas à Paris.
L’été se passe. Entrée en seconde et là ça commence à bouger dans ma tête, certainement que les choses infusent.