L’étude du bonapartisme montre que ses fondements sont toujours d’actualité dans notre pays.

Le bonapartisme est souvent appréhendé comme un modèle politique et administratif mis en place par Napoléon 1er. Il a été poursuivi par son neveu Louis Napoléon devenu Napoléon III.

Si ce dernier a conquis les suffrages des Français, c’est qu’il s’est faussement présenté comme le champion et le serviteur d’un peuple-roi. « Je considère le peuple comme propriétaire et les gouvernements, quels qu’ils soient comme des fermiers », avait-il dit le 29 janvier 1836.

Il ne cessera de le répéter, allant jusqu’à faire de nombreux emprunts à la constitution de 1793 pour divers projets de réforme des années 1830.

Lorsqu’il sera candidat à la présidence de la république, en 1848, c’est le « saint peuple » qu’il invoquera avec ses partisans pour être élu.

Ce qui constitue sur cette base le bonapartisme (appelé aussi le césarisme en référence à Jules César) réside dans une approche de la souveraineté du peuple inscrite dans un triple cadre :

  • Une conception de l’expression populaire par la procédure privilégiée du plébiscite,
  • Une philosophie de la représentation comme incarnation du peuple en un chef,
  • Un rejet des corps intermédiaires qui font obstacle au face-à-face du peuple et du pouvoir.

Le bonapartisme consacre « en même temps » le pouvoir de légitimation et de sanction du peuple. Il le fait au moyen d’élections librement organisées, de libertés publiques entravées (presse, droit d’organisation indépendant), au prétexte qu’elles parasiteraient l’expression libre et immédiate de la volonté générale.

Le peuple est quant à lui uniquement appréhendé sous les auspices d’une totalité que l’on ne saurait décomposer.

C’est ce qui différencie fondamentalement le bonapartisme du marxisme qui, lui, résonne en termes de classes.

Nous le devinons après cette présentation, les fondements du bonapartisme font écho à la situation actuelle en France avec la mobilisation contre le projet de loi retraite.

Le macronisme est pour moi une énième version dérivée du bonapartisme : une sorte de néo bonapartisme. Cette version met en place dès son origine une rencontre entre un homme sans parti et un ‘’peuple’’ subjugué par sa fougue et sa jeunesse.

Comme Bonaparte devant les pyramides en Égypte, Macron a joué devant la pyramide du Louvre le soir de sa première élection du : « Soldats, devant ces pyramides quarante siècles d’histoire vous contemplent ».

Particularité notable liée à l’évolution du monde, le plébiscite est cathodique. Macron est (était ?) adoubé par les médias et les sondages.

Pour ce qui est du rejet des corps intermédiaires, Macron colle à la perfection à la définition du bonapartisme. Il existe une différence toutefois, les partis ne sont pas interdits, mais « caporalisés ou inféodés » à sa personne.

Au final, comme avec Napoléon III, nous nous retrouvons avec un autocrate déguisé qui élu dans le cadre de la république se voit comme monarque ou empereur.

Pour ce qui concerne Béziers, le ménardisme est aussi une forme de bonapartisme. Une forme qui utilise des ingrédients du péronisme (en Argentine) avec l’invention d’un couple ou d’un binôme politique.

C’est peut-être ce qui explique la convergence actuelle entre Macron et Ménard.

Ce retour aux sources du bonapartisme se déroulera sous forme de série, elle sera publiée en 5 épisodes chaque semaine sur le site d’EVAB.

Cette série a été réalisée à partir d’extraits de lecture du livre de Pierre Rosanvallon : « Le siècle du populisme », histoire, théorie, critique, dans la collection poche des éditions Points, 2021. Livre qui trace par ailleurs un trait d’égalité que je ne partage pas, entre populisme et bonapartisme.