J’ai assisté à un rassemblement « contre la guerre et pour la paix en Palestine et en Ukraine » à Béziers, vaste sujet trop général qui a réuni au moins 30 personnes, place Jean Jaurès, un samedi après-midi où le temps était clément.
30 personnes qui représentaient 10 partis, associations ou mouvements ! Autant dire que tout le monde se connaissait et que ce noyau était celui qui répond à tous les appels à rassemblements, quels qu’en soient le sujet et le lieu choisi dans la ville. Au vu de l’ampleur, la police qui avait fait le déplacement avec un effectif raisonnable a rapidement disparu.
Les discours se sont succédé, une dizaine donc. Certains d’une durée raisonnable : de 3 à 5 minutes et d’autres longs, lus, mal lus, du genre qui veut tout dire, d’un débit haché, butant sur les retours à la ligne et les mots récalcitrants.
Voici par exemple une intervenante qui nous assène un cours sur 200 ans d’histoire, truffé de dates, d’évènements. Notre petit collectif est coincé entre le « crin crin » d’un manège de chevaux de bois et les coups de marteau des installateurs des décors de Noël sur la place.
Poliment, quelques participant·es tendent l’oreille, d’autres personnes discutent entre elles, le temps s’étire à n’en plus finir. Ah, la conclusion arrive ? Non. Je soupire. Vais-je craquer ?
Comment l’intervenante peut-elle poursuivre la lecture de son message de la plus haute importance — persuadée qu’il va convaincre le public — en gardant le nez rivé sur son papier ? Comment n’a-t-elle pas remarqué qu’elle s’adresse à un noyau militant, toujours le même, déjà convaincu et plus ou moins informé sur le sujet ?
Ces intervenant·es aux longs discours sont plongé·es dans leur texte s’adressant indifféremment à tout le monde, c’est-à-dire à personne en particulier. Elles ignorent que 2 phrases bien frappées, prononcées en regardant les gens dans les yeux, en observant leurs réactions, en y répondant, seraient beaucoup mieux écoutées et mémorisées qu’une lecture ânonnée.
On s’arrête, on réfléchit ?