Le siège de la députée de la sixième circonscription de l’Hérault, E. Ménard, était donc éjectable ! C’est une satisfaction au milieu de la vague brune qui déferle sur le Biterrois.

61 971 électeurs se sont exprimés au deuxième tour des élections législatives dans la très biterroise sixième circonscription :

  • 29 288 ont voté pour le RN « canal historique », ils étaient 25 605 au premier tour,
  • 18 091 ont voté pour l’ex-franchisée Ménard, ils étaient 16 960 au premier tour,
  • 14 592 ont voté pour la candidate du NFP, ils étaient 13 095 au premier tour.

11 197 suffrages séparent les deux candidats d’extrême droite, c’est énorme, personne ne s’attendait à un tel différentiel au début de la campagne électorale.

La première leçon, c’est qu’E. Ménard ne paye pas sa gestion très à droite, mais sa fidélité.

Pour plagier les Ménard, pour l’électeur de base du RN « L’indépendance c’est un truc de bobo parisien ».

La dépendance au parti et à ses chefs ne pose pas de problème à l’électeur de base du RN, c’est même consubstantiel à l’appartenance à ce parti.

Pendant dix ans les Ménard ont cru qu’ils pouvaient diriger une baronnie sans rendre de compte à la royauté. Ils se sont trompés.

En déclenchant une croisade contre les hérétiques, l’appareil du RN a de fait excommunié les Dupont et Dupond de la politique locale.

Le message envoyé est on ne peut plus clair : « Vous n’êtes rien sans nous, ou vous vous soumettez ou vous partez. »

Il est lourd de menaces pour les élections municipales et pour les affidés qui auront à choisir leur camp :

  • Les traîtres ou le légalisme.

On peut parier à l’avance que cette sommation va faire hésiter les membres de l’actuelle majorité municipale.

Les deux questions qui se posent à cette heure au sein de la majorité du conseil municipal sont : quitter le navire Ménard tant qu’il est temps, et quand et comment faire allégeance au nouveau chef local ?

De ce point de vue / 2026, c’est demain.

Il est par ailleurs sidérant que les Ménard n’aient pas vu venir cette menace. Enfermés dans une tour d’ivoire médiatique, ils ont pensé être protégés par leur rôle et leur stature de commentateur politique sur les chaînes d’information permanente.

Bien sûr ils labouraient le terrain pour l’extrême droite, mais en « franchisés » avec une part sur la récolte.

C’est cette part que vient de remettre en cause le RN.

Pour espérer continuer à jouer leur rôle de bateleur de l’extrême droite, les Ménard doivent faire allégeance. Mais en sont-ils capables ?

Tous ceux qui connaissent l’égo démesuré du maire de Béziers savent qu’il n’est pas du style à faire semblant longtemps.

À force de faire semblant d’être proche des Le Pen, Zemmour, Dupont-Aignan, Bellamy . . . Ménard s’est accroché lui-même une pancarte « traître » dans le dos.

Cette pancarte sera difficile à enlever.

D’autant plus que la construction du RN ne va pas dans le sens d’un dépassement de ce parti, mais dans le sens d’une assimilation d’autres personnes ou formations. Le ralliement sans condition de Ciotti en étant la dernière mouture.

Sur le Biterrois un changement de chef est donc à prévoir dans l’extrême droite. Ce ne sera pas en mieux.