À l’occasion de ces législatives c’est toute la construction politique des Ménard qui risque de s’écrouler.

Écrire que les Ménard ont essayé plusieurs stratégies est un euphémisme tant les changements ont été nombreux.

Il y a eu la phase Béziers solo, puis Béziers agglomération, puis Béziers cantons, puis Béziers députation, la phase pro Le Pen, Dupont-Aignan, Zemmour, Bellamy.

L’agrandissement progressif de la tâche brune locale a donné des idées nationales aux Dupont et Dupond locaux.

Celle de créer leur propre parti avec « Oz ta droite » puis celle de jouer les faiseurs de rois dans la droite et l’extrême droite.

Ces derniers temps, la mouture « faiseurs de roi ou de reine » était la plus constante.

Faiseur de roi, c’est un numéro d’équilibre permanent entre distribution de bons points et distribution de cartons jaunes ou rouges.

Ça va bien avec l’exercice solitaire des plateaux télés ou l’exercice solitaire à la chambre des députés. Mais ça ne passe pas avec les partis organisés. Quel responsable national a envie d’avoir un « zébulon local » incontrôlable à sa gauche ou à sa droite ?

Personne !

Les Ménard peuvent se retrouver sur une trajectoire à la Macron. Dans cette phase de recomposition politique, en cultivant le « sans parti » on peut très vite se retrouver sans rien du tout.

Depuis 10 ans les Ménard avaient une rente viagère sur la ville, dans les cantons et la circonscription, celle du RN. Pendant 10 ans le RN a accepté le « Je t’aime moi non plus » du tandem local. 10 ans c’est long, mais c’est explicable : les Ménard servaient de décoration unitaire et d’ouverture pour un parti historiquement replié sur lui-même.

Vu, que les villes de 90 000 habitants gérées par l’extrême droite ne se comptaient pas sur les doigts d’une main, le RN avait intérêt à ménager les trublions locaux.

Il l’a fait longtemps, très longtemps. Aujourd’hui le contrat est déchiré.

Quand on aspire à diriger la France, quand on débauche chez LR et Reconquête, quand on est en tête dans 93 % des communes en France, on est moins complaisant avec les fous du roi.

Aujourd’hui, la dynamique nationale du RN est dans des alliances avec des partis, pas dans des alliances avec des individus.

C’est ce qui explique la présentation d’un candidat RN dans la sixième circonscription biterroise contre la députée sortante.

À ce jour, il est très difficile de faire des pronostics sur l’issue de ce duel fratricide.

Si la base du vote RN est un vote national, le RN peut l’emporter.

Si la base RN a été subjuguée par la députée, elle peut se maintenir.

La question subsidiaire c’est à quel prix ? Quid des municipales ? Quid des cantonales ?

La baronnie patiemment construite par les Ménard qui leur permettait de jouer au président et à la première dame d’une sous-préfecture de province peut s’effondrer.

Ils l’ont d’ailleurs bien compris en disant qu’elle finirait sa mandature si elle la commençait et qu’il briguerait un nouveau mandat de maire.

Car une des premières conséquences de ce jeu de massacre est l’abandon du ticket envisagé par les Ménard : mairesse / ministre.

Aujourd’hui, les Ménard en sont à calculer comment sauver l’essentiel à savoir continuer à jouer les trublions locaux.

Rien dans la configuration actuelle ne « booste » leurs projets. Ils vont certes affronter un candidat RN inconnu, mais décidé à les détrôner. Un candidat soutenu par son frère ennemi de Reconquête.

La droite, elle, présente l’ancienne égérie de Couderc, Fatima Allaoui-Daudé, avec « Horizons ».  Elle était en son temps adhérente à LR et au SIEL un groupuscule d’extrême droite satellite du RN. Elle avait ainsi perdu un probable ministère lors d’un énième remaniement quand son accointance a été dévoilée.

Côté LR c’est l’inconnu, on ne sait pas si le parti ne présente aucun candidat en soutien au candidat RN ou en soutien à la députée sortante.

Cette question est importante, y compris pour la suite, car si LR soutient localement le RN c’est toute la stratégie « d’union des droites » des Ménard qui s’effondre.

En ce sens, les résultats du premier tour seront décisoires pour le second. C’est souvent le cas partout en France, mais à Béziers, dans ce début de recomposition politique à droite et à l’extrême droite, c’est l’avenir d’une baronnie vieille de 10 ans qui est en jeu.

On le sait depuis le moyen-âge, il est risqué pour un baron (même noir) de s’opposer au roi.

L’autre hypothèse serait que les Ménard abandonnent leur côté « trublion » pour se ranger derrière la bannière du RN sans « moufter ». Quand on connaît leur personnalité, faîte de strass, de paillettes et de projecteurs, ça semble difficile à tenir dans la durée.