Pour la première fois depuis 10 ans, le RN va opposer un candidat aux « Ménard » à l’occasion des prochaines législatives.
Depuis 10 ans, le maire et la députée de Béziers bénéficiaient d’une sorte de régime d’exception, d’une clause de non-concurrence de la part du RN sur la ville et la circonscription de Béziers.
Cette clause de non-concurrence, tacitement reconduite, bénéficiait aux uns et aux autres jusqu’alors personne ne l’avait dénoncé.
Les « Ménard » entretenaient leur baronnie et le RN pouvait montrer une ville amie, vitrine par délégation de ses idées et de ses principes.
Il y a 10 ans, le RN aspirait à diriger des villes pour y exposer ses idées et pour faire preuve de sa compétence après les épisodes cataclysmiques d’Orange, Vitrolles et Marignane.
Aujourd’hui le même RN aspire à diriger le pays.
Ce changement d’échelle et de perspectives aura sans aucun doute compté dans la prise de distance du RN.
Laisser carte blanche aux « Ménard » pour qu’ils dirigent la ville était une chose. Les laisser divaguer entre droite et extrême droite était autre chose.
À tout moment ces derniers temps le contrat pouvait être rompu. C’est apparemment le cas depuis quelques jours.
En annonçant dans la presse locale ( Midi Libre du 14 juin 2024 ) que le RN présenterait un candidat sur la 6e circonscription de l’Hérault, le RN par son délégué départemental a annulé deux « traditions locales », le dialogue direct entre les « Ménard » et Marine Le Pen, la carte blanche donnée au maire et à la députée.
Dans ce dialogue en creux, la députée sortante pensait sûrement mettre une nouvelle fois le RN devant le fait accompli et l’obliger à soutenir une candidature déclarée au préalable (dès l’annonce de la dissolution par Macron).
Erreur de diagnostic. Pour le RN, la députée sortante n’est pas fiable électoralement parlant.
Au moment où chaque vote peut compter pour avoir une majorité à l’assemblée? pourquoi s’embarrasser d’une députée qui navigue en permanence entre droite et extrême droite ?
Pour les « Ménard », l’avis de tempête risque d’être généralisé puisque LR et Reconquête envisagent eux aussi de présenter des candidats contre la députée sortante.
Nous en saurons en peu plus lundi après le dépôt des candidatures et la mise en ligne de cet article.
Si c’était le cas, les suffrages de la droite et de l’extrême droite pourraient se partager en 5 ( Renaissance, LR, Ménard, RN et Reconquête). La participation d’un de ces candidats au second tour ne semble pas en danger pour autant, mais dans quelles conditions pourront se faire les reports de voix ?
Tout dépendra bien sûr de la campagne qui sera menée par les uns et les autres.
En ce début de campagne, il est impossible de mesurer les dommages collatéraux qui résulteront de cette division initiale.
Il y a cependant une chose qui est sûre : à Béziers : les « Ménard » ne bénéficient plus d’une rente à vie !
(Tout au long de cette campagne électorale, nous suivrons chaque semaine la météo de la droite et de l’extrême droite sur la ville et dans le biterrois. La semaine prochaine je vous propose de revenir sur les raisons qui ont provoqué cette redistribution politique)