Une autre histoire – 11 septembre 1973, coup d’état militaire à Santiago du Chili

par | 8 septembre 2023 | Extrême droite

Le 11 septembre 1973, voilà exactement 50 ans, au Chili, le gouvernement d’Unité Populaire est renversé par un coup d’État militaire dans des conditions dramatiques. Une issue tragique pour le président de la République Salvador Allende qui y laisse la vie….

Trois ans plus tôt, le 4 septembre 1970, Salvador Allende a été élu à la présidence de la République. L’élection a été validée par le Parlement grâce au soutien de la démocratie-chrétienne. Pour la première fois, un marxiste accédait par les urnes à la tête d’un pays d’Amérique latine.

Médecin issu de la riche bourgeoisie, le nouveau président s’appuie sur une coalition hétérogène qui va du centre réformiste à l’extrême gauche révolutionnaire en passant par les communistes. Le parti socialiste de Salvador Allende se situe lui-même plus à gauche que le parti communiste et aspire à rien moins qu’à la rupture avec le capitalisme.

Ses mesures sociales (nationalisation des mines de cuivre et des principales entreprises du pays, réforme agraire, blocage des prix, augmentation des salaires…), tantôt trop modérées, tantôt trop radicales, ne font jamais l’unanimité dans son propre camp mais exaspèrent surtout les classes dominantes chiliennes et les grandes entreprises américaines.

Le gouvernement des États-Unis, ne peut se laisser se développer une nouvelle expérience socialiste et craignent la réédition d’un coup d’État prosoviétique à la façon de Fidel Castro, à Cuba, dix ans plus tôt.

Salvador Allende doit faire face à une opposition de droite majoritaire au Parlement. Elle est soutenue en sous-main par les agents secrets de la CIA américaine et financée par les multinationales implantées dans le pays, au premier rang desquelles figure le trust de télécom ITT.

Pour faire face aux menaces qui l’assaillent de toutes parts, Salvador Allende appelle les militaires à son secours. Se méfiant à juste titre de l’armée de l’air et de la marine, aux traditions aristocratiques, il se repose sur l’armée de terre, légitimiste et au recrutement plus populaire. Il lui donne un nouveau commandant en chef en la personne de Carlos Prat. Celui-ci nomme à ses côtés, comme chef d’état-major, un général falot de 58 ans, peu suspect d’activisme, issu d’un milieu populaire  un certain Augusto Pinochet.

En novembre 1972, Carlos Prats devient chef du gouvernement et ministre de l’Intérieur tandis que Pinochet le remplace à la tête de l’armée de terre.

La situation économique ne fait qu’empirer, les prix flambent et la production alimentaire s’effondre. Le pays est bientôt paralysé par des grèves à répétition dont celles des camionneurs. Les ménagères descendent dans la rue, les commerçants puis les médecins menacent de faire grève. La pénurie organisée et la paralysie de la société doit faire basculer la classe moyenne dans le camp des opposants à Allende.

Le président ne voit plus d’autre issue que dans un référendum populaire mais il sera pris de vitesse par la rébellion militaire.

Les commandants de l’armée de l’air et de la marine ont décidé en effet  de mettre un terme par la force à l’expérience socialiste. Non sans peine, le 9 septembre, ils persuadent le général Pinochet de se joindre à la junte.

C’est ainsi que, le matin du 11 septembre 1973, des unités de la marine neutralisent le port de Valparaiso. Peu après, à Santiago-du-Chili, l’armée de terre, sur les ordres de Pinochet, annonce qu’elle marche (je cite) « vers les bâtiments officiels pour en déloger les gouvernants devenus illégitimes et mettre fin au chaos »

Salvador Allende s’enferme avec une poignée de fidèles dans la palais présidentiel. Il demande à ses défenseurs de quitter les lieux et refuse les offres de la junte de quitter le pays. Il dirigera même la défense du palais pendant de longues heures. et enregistrera une allocution désespérée à la radio.

Vers midi, l’aviation bombarde le palais présidentiel de La Moneda et les soldats l’investissent. Le putsch militaire est un succès.

Resté seul sous les bombes putschistes, il se suicide, il a 65 ans. Le président, démocratiquement élu du Chili est mort ce 11 septembre 1973. Il se serait suicidé suivant la junte militaire, il est plus vraisemblablement mort les armes à la main.

A la suite du coup d’État, la junte militaire prononça la dissolution du Congrès National, les Conseils municipaux, les syndicats et les partis politiques. La liberté de la presse fut abolie. Le couvre feu instauré. Toute forme de littérature rattaché au socialisme fut interdit et plusieurs dizaines de milliers de personnes suspectes de sympathies marxistes sont raflées et concentrées dans le sinistre stade de Santiago. Les opposants au régime sont arrêtés, exilés, torturés ou exécutés de diverses façons comme d’être lâchées du haut d’un avion dans l’océan !

Ce déchaînement de violence sadique vaudra un quart de siècle plus tard une inculpation de crime contre l’humanité à Augusto Pinochet.

Le Chili a payé un lourd tribut à la transformation sociale et à la liberté. Il restera dans l’histoire comme le symbole d’une expérience socialiste débuté démocratiquement et renversé militairement dans le sang.

Cette histoire tragique   montre qu’on ne défie pas impunément les intérêts américains ! L’armée chilienne – soutenue par la presse, l’organisation fasciste Patrie et Liberté, le Parti national et les Etats-Unis ont remis le peuple « dans le droit chemin ». disent-ils.

Mais l’expérience Allende a dévoilé aussi le vrai visage de la finance internationale qui se moque des processus démocratiques et utilise l’institution militaire quand nécessaire pour atteindre ses objectifs.

Ce même 11 septembre mais en 2001 Les États-Unis sont victimes  de quatre attentats-suicides islamistes … mais c’est une autre histoire !

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