Les liens entre machisme et fascisme sont originels. Avec Trump, ils reprennent le devant de la scène.
Tel un justicier même pas masqué, Trump a récemment prononcé un discours d’un virilisme vengeur qui devrait inquiéter : « En 2016, j’étais votre voix. Aujourd’hui, je suis votre bras armé. Votre justicier. Et pour ceux qui ont été lésés ou trahis, je suis celui qui vous vengera, je serai le châtiment. »
Ce discours belliciste qui veut châtier concerne aussi les femmes, toutes les femmes.
Dans le monde que propose Trump, il n’y a pas d’amis, il n’y a que des ennemis et des rivaux. Ce trait viriliste majeur, Trump, le cultive à outrance, mais il n’est pas qu’incantatoire.
Pour Trump, les femmes, bien que qualifiées de « cochonnes », « animales », « dégoutantes », doivent néanmoins être protégées. Cette pensée machiste primaire relève quasiment du mètre étalon dans la pensée du suprématisme mâle blanc dominant.
Bien sûr, cette parodie de virilité est facile à ridiculiser. Cette insistance à parler de son pénis et de son QI peut faire sourire, mais récemment Fox news le média conservateur à la solde de Trump a organisé un débat intitulé : « Les tarifs douaniers vont-ils permettre de régler la crise de la masculinité ? »
Cette orchestration de la pensée machiste à une échelle de masse est dopée par l’élection de Trump. On peut imaginer des dizaines de débats sur le même mode, encouragés par la personnalité du président des USA.
Nous étions pourtant prévenus et c’est là une des caractéristiques du fascisme. Le 6 janvier 2021, les suprémacistes blancs défenseurs de Trump prenaient le Capitole d’assaut.
Ils portaient en eux l’imaginaire du « Make America Great Again » : une sourde angoisse d’être émasculé.
Une étude de 2019 montrait que 45 % des électeurs américains étaient d’accord avec l’idée que : « l’Amérique est trop soft et féministe ». Certes, 45 %, ce n’est pas une majorité, mais c’est une base suffisante pour une option fasciste.
Dans un racisme même pas voilé, Trump se demandait si Kamala Harris sa concurrente aux présidentielles était : « noire ou indienne ? ». Pour enfoncer le clou, son sous-secrétaire du département d’État, Darren Beattie déclare en parlant de son patron : « Des hommes blancs compétents doivent être aux commandes si vous voulez que ça marche. »
Dans l’Amérique du Machisme American Great Again, ce n’est pas un hasard si Trump a perdu face à un homme blanc et gagné face à deux femmes, dont une noire.
Combien d’électeurs américains ont voté pour Trump car l’idée d’une femme présidente les humiliait ?
Combien d’électeurs américains sont restés à la maison en 2024 car ils ne pouvaient imaginer voter pour une femme, a fortiori de couleur ?
Ce qu’il faut expliquer en prenant comme exemple les USA, c’est qu’une fois au pouvoir tous les fascistes combattent les valeurs qu’ils considèrent comme féministes : le compromis, la compassion, la tolérance, le pluralisme et bien sûr la démocratie.
Si on les laisse faire, une petite moitié d’un pays impose son imaginaire macho et paranoïaque à l’autre partie de la population.
Cette lutte contre le machisme et le fascisme est permanente. Elle a pris une nouvelle tournure aux USA et peut demain concerner la France.
Darmanin, candidat déclaré à l’élection présidentielle, accusé lui aussi d’agression sexuelle, a bien déclaré à Marine Le Pen qu’il la trouvait : « trop molle ».
Face à une telle qualification, on peut se demander de quelle mollesse parlait Darmanin.
On peut se demander si pour un trumpiste franchouillard, une femme sans attributs phalliques peut gouverner.
Ou bien, comment un agriculteur chauffé à blanc peut dire à une députée qu’il apostrophe : « Va faire la soupe, salope ! »
Nous n’avons pas fini de mesurer les mauvais effluves du Machisme American Great Again, surtout quand son principal inspirateur dit avec suffisance que les principaux dirigeants du monde : « lui lèche le cul ».