« Nous sommes prêts avant tout, et que le gouvernement le sache, à défendre nos familles et nos foyers, à sauvegarder notre droit au travail et la noblesse de notre labeur quotidien en créant les moyens de défense que nous avions jusqu’à présent cédés aux lois de l’État, pour mettre fin de toutes les manières possibles à une succession d’évènements intolérables et désastreux ».
Association Bolognaise de défense sociale, pétition adressée au président du Conseil Nitti, Bologne, le 15 avril 1920
En ce printemps 1920 la situation est catastrophique pour les Faisceaux de combat et pour la bourgeoisie.
Bologne est sens dessus dessous. La ville possède carrément deux chambres du travail qui rivalisent dans l’extrémisme révolutionnaire.
Si en ville la situation est difficile, les campagnes sont perdues.
Il n’y a pas un village qui ne soit sous l’influence du parti socialiste. Toutes les communes hébergent un syndicat de paysans, une Maison du peuple, une coopérative, une cellule.
Les ligues rouges maîtrisent tout, elles parviennent à imposer aux propriétaires terriens des conditions de travail qui les privent presque du droit de propriété sur leurs terres.
Ceux qui violent les règles qu’elles ont édictées écopent de très lourdes amendes à verser à la caisse des grévistes.
La vallée du Pô, le long des deux rives, de la source jusqu’à l’embouchure, est le théâtre de luttes épiques pour la possession des champs.
Elles ont commencé, évidemment, dans la province de Ferrare, aux mains des ligues rouges. Les journaliers se sont agités le 24 février à l’occasion du renouvellement des contrats de fermage, épaulés par les métayers.
L’appel à la grève a suspendu les semailles du chanvre et de la betterave à sucre dont vit toute la région. La lutte des grévistes a été si déterminée et si compacte qu’elle a obligé les propriétaires à admettre leur défaite sur tous les points en discussion.
Le 6 mars ils ont accepté les augmentations salariales, les bureaux de recrutement gérés par les travailleurs et, surtout, l’impôt de main-d’œuvre les obligeant à engager cinq travailleurs par tranche de trente hectares cultivables entre novembre et avril, période où il n’y a pas de travail.
Le 5 mars, l’exemple de Ferrare a été suivi dans les provinces de Novare, Pavie, Casale Monferrato.
La mobilisation sociale a duré quarante sept jours. Quarante sept jours et nuits d’état de siège.
L’adhésion des journaliers er des salariés a été totale, leur victoire écrasante. Les propriétaires ont capitulé le 21 avril.
( Extraits de lecture du livre d’ Antonio Scurati ‘’M l’enfant du siècle’’ aux éditions Les Arènes )
Chaque mardi en exclusivité sur EVAB, vous avez rendez-vous avec la série ‘’M’’ qui va vous faire revivre les évènements qui ont fondé le fascisme en Italie, le siècle dernier.