« Ce prolétariat a besoin d’un bain de sang ».                                                                                            

Mussolini réunion au lycée Beccaria de Milan, 19 juillet 1919

« Le drapeau rouge triomphera » voilà ce que titre ''l’Avanti'' dans son édition Turinoise le 19 juillet 1919.

Le drapeau rouge a déjà triomphé en Russie en octobre 1917. Il flotte à présent sur au moins seize front de guerre. En moins d’un an Lev Davidovitch dit ''Trotsky'' a créé ex nihilo une Armée rouge qui a révolutionné jusqu’à la façon de faire la guerre.

À Milan en ce matin du 20 juillet 1919, une marée de drapeaux rouges s’agite au-dessus de la foule.

L’Union générale du travail française s’est retiré au dernier moment de « l’ultra-grève », imitée par les syndicats des trade unions anglaises. Les travailleurs italiens sont donc les seuls à soutenir leurs frères russes.

La grève du 20 juillet 1919 a un caractère démonstratif, non révolutionnaire. Elle prépare, n’accomplit pas, la grève d’expropriation. La lutte finale n’est pas pour aujourd’hui, elle sera pour demain. L’évolution des conditions économiques et politiques l’entraînera spontanément. Il s’agit juste de patienter un peu.

Le 17 juillet, le premier congrès des faisceaux de combat d’Italie du nord, qui s’est tenu à Milan, a décrété la plus ferme opposition à « l’ultra-grève ». Seules une douzaine de villes étaient représentées pour quelques centaines d’inscrits, et pourtant les fascistes ont choisi la ligne dure contre les agitateurs rouges, la « race bâtarde qui déshonore l’Italie » en prenant pour modèle la Russie de Lénine plutôt que la patrie, victorieuse des Autrichiens.

Mussolini s’est entendu avec le préfet de Milan, il met les faisceaux de combat à sa disposition pour le maintien de l’ordre public. Le préfet lui a annoncé une nouvelle explosive : une circulaire secrète du gouvernement prévoit et encourage pour la première fois la collaboration avec les fascistes dans l’opération de répression, fût-elle violente, de tentatives révolutionnaires, à condition qu’ils acceptent d’être dirigé par les autorités.

Bref pour freiner l’avancée des rouges, l’ État libéral se laisse épauler par les fascistes et, pour la première fois, ceux-ci s’opposeront frontalement à une grève des masses populaires.

« L’ultra- grève » à laquelle les organisations ouvrières de toute l’Europe ont appelé, en signe de protestation contre les interventions étrangères de soutien aux forces contre-révolutionnaires en Russie, se veut une simple démonstration.

Sur le front opposé le jeune ministre de la Guerre et de l’aviation anglais a renchéri. D’après Winston Churchill, les bolchéviques sont des « ennemis du genre humain » qui ourdissent depuis Moscou « une conjuration mondiale visant à renverser la civilisation ».

Les socialistes italiens ont une nouvelle fois encore renvoyé à plus tard leur attaque contre le palais du pouvoir. En Russie, en 1917, il s’était agi de conquérir un palais d’hiver. Les bolchéviques s’étaient précipités sans hésiter à l’assaut de la résidence hivernale des tsars, entourée de congères d’un mètre de haut, pour abattre la tyrannie.

Mais en Italie l’été règne. Voilà pourquoi les projets y sont toujours engloutis en un report comique : « la prochaine fois camarade, la prochaine fois »

 

( Extraits de lecture du livre d'Antonio Scurati "M l'enfant du siècle" éditions Les Arènes )

Chaque mardi en exclusivité sur EVAB, vous avez rendez-vous avec la série ''M'' qui va vous faire revivre les évènements qui ont fondé le fascisme en Italie, le siècle dernier

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