« Un drame a été imposé par les origines et par le cours de la crise fasciste : soit on constitue un parti, soit on forme une armée . . . Le problème doit être résolu, à mon avis en ces termes : il faut constituer un parti solidement encadré et discipliné qui puisse être, si nécessaire, transformé en armée capable d’agir sur le terrain de la violence . . . Cet argument devra être soumis à l’ordre du jour, au congrès de Rome ».
Mussolini, « Vers le futur », Il Popolo d’Italia, 23 août 1921
Le 27 août, à Florence, le conseil national des Faisceaux a rejeté la démission de Mussolini.
Si les ras, les chefs de guerre des provinces, sont opposés à la pacification, personne n’envisage de remplacer Mussolini sur la scène nationale.
Mussolini ayant été jugé irremplaçable, il est temps pour lui de recouvrer la traite que constitue cette solidarité forcée des petits chefs de province.
Si le mépris pour les partis politiques a guidé le mouvement fasciste dès ses origines. Telle l’étoile polaire, un parti se révèle aujourd’hui nécessaire pour gouverner le pays, pour gouverner l’ingouvernable, pour maîtriser le chaos.
Ce parti ce sera le parti des antipartis : le Parti National Fasciste.
Mussolini a proposé que le mouvement fasciste soit transformé le 7 septembre 1921. Cette proposition est passée malgré quelques votes contraires, elle doit être approuvée par le Conseil national et entérinée par un congrès. C’est là que tout se jouera et le temps presse.
Les ras se sont démenés pour faire échouer le pacte de pacification. Et ils ont réussi.
Le 12 septembre trois mille squadristes ont marché, encadrés militairement sur les routes de la Romagne jusqu’à Ravenne. Ils portaient même un uniforme, une chemise noire.
Jamais on n’avait vu ça : une démonstration de force épouvantable, la naissance d’une armée fasciste. A présent le véritable dilemme est le suivant : constitue-t-on un parti ou une armée ? Un parti convertible, un parti-milice ?
Pour apprivoiser les assassins il est nécessaire de les entraîner à l’assaut de l’histoire.
Quelle est la position du fascisme face à l’état ? Face au régime ? face au capitalisme ? Face au syndicalisme, au socialisme, au catholicisme. Quelle est la position du fascisme dans le cosmos ?
Mussolini doit transformer des tueurs qui haïssaient leur concierge parce qu’il était socialiste en militants politiques.
( Extraits de lecture du livre d’Antonio Scurati ‘’M’’ l’enfant du siècle aux éditions Les Arènes )
Chaque mardi en exclusivité sur EVAB, vous avez rendez-vous avec la série ‘’M’’ qui va vous faire revivre les évènements qui ont fondé le fascisme en Italie, au siècle dernier.