Chers amis antiracistes, chers amis antifascistes, chers amis amoureux du cirque et de ses numéros de haute voltige,
Bonjour !
Au siècle dernier dans le cirque nationaliste il n’y avait qu’un seul numéro, un truc simple, basique, au ras du sol, qu’on pourrait nommer l’homme fort.
Des grands roulements de tambours amenaient chaque démonstration de force dans une mise en scène assez simpliste, populiste, ou invariablement un gros costaud soulevait des petits malingres.
Plus près de nous à partir des années 1980, la famille Le Pen qui est au cirque nationaliste ce que la famille Bouglione est au vrai cirque, a littéralement transformé le cirque nationaliste.
Le patriarche gros, borgne, lourdaud a été dédiabolisé par ses filles et petites filles.
Cette adjonction d’éléments féminins a amené un semblant de légèreté et a enfin permis au cirque nationaliste de décoller du sol, de briser son plafond de verre.
Aujourd’hui, dans une nouvelle revue pleine de paillettes et de flonflons, la nouvelle vague du cirque nationaliste nous propose le trapèze de l’extrême.
Un de ces voltigeurs de l’extrême se nomme le Baron Noir.
Le Baron Noir a littéralement réinventé le trapèze volant nationaliste. Au partenaire unique homme ou femme, il a adjoint un nombre hallucinant de partenaires entre lesquels il virevolte.
Dans son dernier numéro, le Baron noir travaille ni plus ni moins avec une dizaine de partenaires qu’il rejoint, retrouve, abandonne, dans une chorégraphie millimétrée.
Il y a bien sûr les obscurs, les petites mains : Nicolas, Florian, François, Xavier et Michel qui lui servent de faire valoir.
Ces cinq-là sont cantonnés dans un rôle statique. Ils accueillent le Baron sur leur trapèze et le réceptionne. Quelquefois, ils lui retournent des ustensiles mais participent rarement au spectacle.
Il y a aussi les caciques : les deux Éric, Valérie et Marine qui sont le clou du spectacle.
Ces quatre-là tiennent un rôle moteur. Il faut les voir réceptionner le Baron Noir à plusieurs mètres du sol, onduler gracieusement dans un mouvement de balancier, d’horloge, qui semble contrôler le temps.
Ce mouvement de balancier ils le voudraient bien sûr éternel mais la grande famille du cirque nationaliste est remplie d’animosité.
Les électeurs nationalistes redoutent que les mains d’Éric lâchent le Baron Noir, ou que le trapèze de Marine ne soit pas au bon moment et au bon endroit pour le réceptionner.
Il faut dire que le Baron Noir cumule des figures de style osées avec chacun de ses partenaires.
Le Baron Noir lâche souvent Marine pour retrouver Éric.
Mais il lâche aussi Éric pour retrouver Marine.
Ces derniers temps il lâchait même Éric pour retrouver Éric.
Quelquefois à une vitesse sidérante le Baron Noir retrouve Éric, Marine, l’autre Éric et Valérie.
Pour finalement relâcher tout aussi rapidement Éric, Marine, Éric et Valérie.
Je sens bien qu’avec justesse vous vous demandez si le Baron Noir n’en fait pas un peu trop.
S’il ne risque pas la chute.
Vous n’avez pas tort.
Le Baron Noir devrait se méfier de ces gens à qui on se raccroche et qu’on abandonne, qu’on retrouve et qu’on re laisse. Les trapézistes peuvent ne pas apprécier d’être lâchés, surtout ceux du cirque nationaliste.
Chers amis amoureux du vrai cirque et de ses numéros de haute voltige, heureusement pour eux les vrais trapézistes n’ont pas d’arrière-pensée.
Vous imaginez deux trapézistes en rivalité, en conflit, ou en guerre déclarée ?
Comment prendre la main de quelqu’un si on pense qu’elle va vous frapper ?
Comment réceptionner quelqu’un qui veut votre perte ?
Le cirque, le vrai, constitue donc un des rares endroits où l’on peut se lâcher pour de bon sans danger.
Le cirque le vrai est l’école de la solidarité, de la fraternité, de l’entraide.
C’est par les temps qui courent une sorte de valeur refuge.
Dommage que le vrai cirque n’ait pas bonne presse.
Dommage que le vrai cirque n’attire plus les foules.
Dommage surtout que le cirque nationaliste fasse la une de l’actualité et remplisse les isoloirs.