Chers amis antiracistes, chers amis antifascistes, chers amis amoureux des claires fontaines,

Bonjour !

Cet été, au moment où l’Orb ressemblait à un oued asséché, où l’eau était rationnée, où les vannes du ciel étaient désespérément fermées, se promener à Béziers ressemblait à une traversée du désert.

Vous me direz, la traversée du désert les Biterrois connaissent, ça fait deux mandatures qu’ils s’adaptent au changement climatique et politique local.

Le Biterrois est devenu résilient, il s’est habitué aux changements en tout genre, même si sur l’échelle des sept plaies d’Égypte il ne nous manque plus que les nuages de sauterelles.

Mais, plus que résilient, le Biterrois est un aventurier.

Vous en connaissez-vous des citadins capables de traverser une ville complètement minéralisée, sans banc pour se reposer, sans arbre pour se protéger, le tout par 40 degrés ?

Bien sûr, les premières victimes sont les vieux et les bébés :

  • Combien de vieux ont « comaté » en traversant le désert des allées Paul Riquet ?
  • Combien de bébés font des pauses hydratation pour résister au dallage de pierre surchauffé ?

Vous me direz qu’il y a toujours la possibilité d’aller demander l’asile dans les magasins climatisés et, de boutique en boutique, traverser le centre-ville.

C’est vrai. Mais franchement vu les prix pratiqués dans les boutiques du centre-ville ça revient cher.

Bien sûr l’aventurier lambda peut faire semblant d’acheter et se mettre au frais en posant des questions saugrenues. Mais là, il faut bien choisir son parcours, car certaines rues collectionnent les magasins fermés.

Le Biterrois, lui, est entraîné, voilà bientôt dix ans qu’il survit de manière adroite dans des conditions extrêmes.

Imaginez un touriste qui traverse Béziers.

On lui demande en premier de se garer près du pont vieux. Il se tape la traversée de l’Orb à pied, avant de commencer l’ascension du plan Saint Nazaire pour rejoindre la cathédrale perchée qu’on devine, au loin, à l’horizon.

Ce n’est pas un trail, mais presque !

S’il n’a pas abandonné et qu’il est arrivé sur le plan Saint Nazaire il cherche désespérément une fontaine qui n’existe pas. De vieux Biterrois le prennent en pitié et lui indiquent la place Jean Jaurès à quelques centaines de mètres.

Le touriste tente de se motiver pour avancer dans cette fournaise et dans cette ville hostile.

Et là, Hallelujah il voit comme dans un miracle le miroir d’eau de la place Jean Jaurès.

Mais là, attention ! il y a deux types de miroirs d’eau :

  • Le miroir d’eau bordelais, place de la bourse où tout le monde s’amuse.
  • Le miroir d’eau biterrois, place Jean Jaurès où il est interdit de s’amuser.

Eh oui étranger, mauvaise pioche, tu es dans le fief du Baron noir où règne l’ordre et la sécurité.

Pour le rappeler, quatre jeunes saisonniers de la « patrouille de prévention » veillent, avec leur gilet rouge, sur le miroir d’eau pour faire respecter un arrêté municipal qui interdit de s’assoir et de patauger.

Les contrevenants s’exposent à une amende de 135 euros, s’ils ont un chien qui fait caca ils doublent la mise.

A quoi ça sert d’avoir fait un miroir d’eau de plusieurs centaines de mètres carrés si on ne peut pas y rentrer ?

C’est une bonne question, je vous remercie de me l’avoir posée.

Pour le Baron noir, écouter de la musique piche sur fond de jets d’eau colorés, l’été par 40 degrés, c’est culturel.

Ça aiguise la soif . . . de la connaissance.

Le Baron noir, il aime le peuple, mais de loin, pas sous ses fenêtres quand il rigole en prenant sa fontaine musicale pour une pataugeoire municipale.

Chers amis antiracistes, chers amis antifascistes, fuyez les fontaines musicales sécurisées et aseptisées !

Retrouvez tant qu’il en reste les claires fontaines.

Et les claires fontaines celui qui en parle le mieux et qui donne envie de s’y vautrer c’est Manu Dibango dans sa chanson « A la claire fontaine ».

( Vous pouvez écouter cette rubrique et la chanson qui va avec dans le podcast de l’émission radio EVAB / RPH de septembre 2023 en ligne sur ce site )

 

 

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies nous permettant par exemple de réaliser des statistiques de visites.