À l'issue de la demi-finale de la Coupe mondiale de foot, plusieurs groupuscules d'extrême droite ont manifesté contre la mort des milliers d'ouvriers migrants sur les chantiers de construction de stades qataris. Heu non non ce n'est pas ça, pardon. La solidarité ouvrière ça ne fait pas partie du credo d'extrême droite. Que ceux et celles qui pensent que voter extrême droite c'est un vote de classe ne s'y méprennent pas.
Je reprends. À l'issue de la demi-finale de la Coupe mondiale de foot plusieurs groupuscules d'extrême droite se sont insurgés contre la débauche énergétique déployée par le Qatar. Heu non excusez-moi, ce n'est toujours pas ça. En fait l'extrême droite elle n'est pas du tout intéressée par le réchauffement climatique. Elle est obsédée par une histoire de "grand remplacement". En gros notre monde n'est pas menacé par le dérèglement climatique, mais par ceux qui en fuient les conséquences. Et qui après s'être fait violer en Lybie ou avoir pris la tasse en Mer Méditerrannée ne rêveraient que de supplanter ladite race blanche.
Bon vous vous en doutez maintenant, les groupuscules d'extrême droite n'ont pas non plus manifesté pour les respect des droits des LGBT au Qatar, c'est trop tarlouze. Ni contre la présumée corruption de certains et certaines député.es européens.nes acheté.es par le Qatar. Non, en revanche ils ont orchestré ce soir-là dans plusieurs villes françaises, dont Montpellier, des attaques contre les supporters et supportrices marocains venus festoyer. Aucune ratonnade n'avait été encore planifiée de manière aussi systématique en France. L'ultradroite ciblait jusqu'à présent plutôt des militants. Attaques qui connaissent ces dernières années, mois et semaines une accélération et une montée dans la violence. Prenons quelques exemples.
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Attaque à Lyon contre la manifestation féministe avec matraque et gaz le 26 novembre.
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Tentative d'incendie d'un local CGT à Mérignac le 1er décembre
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Tabassage d'un militant FI toujours à Lyon le 5 décembre
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Intrusion armée de barres de fer dans une conférence organisée par 2 députés FI à Bordeaux le 7 décembre
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Coup de pression du groupuscule Argos dans une salle médicalisée pour consommateurs de drogues le 10 décembre à Paris
Ce petit échantillonnage pour pointer du doigt une réalité dont les médias généralistes parlent peu : la montée de la violence d'extrême droite. On le comprend d'autant mieux que cette violence est favorisée par des transgressions verbales publiques incessantes qui préparent le terrain à un passage à l'acte. Que Cyril Hanouna insulte en direct sur Cnews un député de la France Insoumise, ou que le député médocain RN Grégoire de Fournas tienne des propos racistes à l'Assemblée nationale à l'égard d'un autre député FI à propos de l'Océan Viking, n'est évidemment pas sans lien avec l'intrusion armée à la faculté de Bordeaux lors de la venue de Louis Boyard et Carlos Martens Bilongo. Cette multiplication des coups de force de l'ultradroite sont préparées idéologiquement de longue date par la fachosphère qu'elle opère au niveau électoral, médiatique ou sur les réseaux sociaux.
De ce point de vue-là le fait que le couple Ménard vienne saluer les supporters marocains en tenant un drapeau marocain dans le quartier populaire de Gambetta à Béziers n'enlève rien à leur lourde responsabilité sur la propagation de la théorie du grand remplacement. On se rappelle de l'affiche à propos des réfugiés syriens : "Ils arrivent". Et Robert Ménard a continué plus sournoisement ses basses oeuvres dans son billet hebdomadaire sur TF1 chez David Pujadas. Mais nous reviendrons probablement sur ce sujet dans un autre billet.
En attendant je vous conseille de consulter la cartographie de la fachosphère que le site antifasciste de la Horde vient de réactualiser. Elle a le mérite de faire apparaître les liens entre les différents acteurs et actrices de l'extrême droite qui cherchent par la monopolisation du débat public – il est temps de s'en rendre compte - à faire basculer l'histoire de notre pays dans la violence à l'instar de l'ultra-right américaine.
Nous en avons eu une démonstration tragique le vendredi 23 décembre dans le Xème arrondissement à Paris au Centre culturel kurde.