(A relire) Au début des années 1970, l’extrême droite fasciste refait surface en France. Le devant de la scène est occupé par Ordre nouveau (ON). Qualifié « D’Ordre nazi » par les antifascistes, Ordre nouveau va être rapidement interdit à la suite de mobilisations exemplaires.

Comme son ancêtre Occident, il recourt systématiquement à l’usage de la violence. Sa première apparition publique le 10 décembre 1969 se fait au cinéma Saint-Lambert, à Paris dans le 15e arrondissement avec comme slogan « France réveille-toi ! Face au marxisme, face au régime, camarade au combat pour un ordre nouveau ».

Le 26 février 1970, un meeting à ambition européenne est organisé à la Mutualité sur le thème « Europe libère-toi », avec la participation de représentants de mouvements néofascistes portugais, italien, allemand, suédois. Au vu de sa thématique, le meeting est interdit par le gouvernement.

Pour Ordre nouveau, « le fer est croisé, nous n’allons plus nous arrêter ». François Duprat son leader déclare « entre les bolcheviks et Ordre nouveau il n’y a qu’une issue : c’est eux ou c’est nous ».

Ordre nouveau met sur pied, en 1972, une structure clandestine, le Groupe d’Intervention Nationaliste (GIN), chargée des actions violentes illégales. Pour légitimer ces attaques contre les personnes et les biens. Ordre nouveau prétend « nettoyer la chienlit gauchiste puisque le gouvernement se refuse à assumer cette responsabilité ».

Les mois de mars et d’avril 1973 voient la mobilisation de dizaines de milliers de lycéens contre « La loi Debré » qui réforme le régime des sursis d’incorporation.

Face à la mobilisation, Ordre nouveau, qui vient de lancer le Front De la Jeunesse (FDJ), décide d’attaquer les manifestations de lycéens.

Le 21 juin 1973, Ordre nouveau décide de tenir un meeting à la Mutualité sur le thème « Halte à l’immigration sauvage ! ».

La veille, le 20 juin une manifestation pour la « Défense des libertés » était appelée par la gauche institutionnelle qui demandait aux pouvoirs publics d’interdire ce rassemblement.

Le jour du meeting, la Ligue Communiste, la Cause du peuple, Révolution, le Parti communiste marxiste-léniniste Humanité rouge, l’Alliance marxiste révolutionnaire, s’associent pour interdire dans la rue la tenue d’un « meeting raciste ».

Le 21 juin, 4000 à 5000 manifestants équipés se retrouvent place Monge pour interdire la tenue du meeting fasciste.

Les affrontements avec la police qui protège la tenue du meeting sont violents.

Le 28 juin 1973 le gouvernement dissout Ordre nouveau, en raison de ses liens avec des partis néofascistes ou néonazis étrangers. (Ces relations ne laissant aucun doute sur le but que ses dirigeants poursuivent.)

Or, les dirigeants d’Ordre nouveau ne sont pas inquiétés par la justice !

Il  n’en est pas de même pour les dirigeants de la « Ligue Communiste », Pierre Rousset et Alain Krivine qui sont arrêtés.                                                                                                                                                                Le local et la librairie de la Ligue Communiste, situés 10 impasse Guémenée, sont saccagés par la police, la Ligue Communiste est dissoute.

Avant son arrestation, lors d’une conférence de presse, Alain Krivine justifie le choix de la mobilisation « Nous sommes jeunes, mais nous avons plus de mémoire que les vieux. Nous ne voulons pas que ce qui s’est passé il y a quelques décennies se reproduise. Avec les fascistes, il y a toujours eu les mêmes réactions ; ils ne sont pas dangereux, il sera toujours temps d’agir . . . et puis un beau jour, il est trop tard ».

Le 4 juillet 1973, l’ensemble de la gauche parlementaire ( PS, PCF, PSU ) et plusieurs confédérations ( CGT, CFDT, FEN ) prennent la défense d’Alain Krivine et réclament sa libération.

La dissolution d’Ordre nouveau, l’échec de sa stratégie d’affrontement central violent va entraîner une atomisation des groupuscules néonazis et néofascistes. Elle aura aussi un effet indirect sur la non-présentation de candidats d’extrême droite à l’élection présidentielle de 1981.

La Ligue Communiste se reconstruira, elle, sous le nom de « Ligue Communiste Révolutionnaire » et continuera d’œuvrer à la constitution de fronts antifascistes.

 

Ces notes sont issues du livre de Jean-Paul Gautier « Antifascisme(s) des années 1960 à nos jours » récemment paru aux éditions Syllepse. Je vous en recommande la lecture.