Les dirigeants proches du RN qui dirigent la Coordination rurale ambitionnent de devenir le premier syndicat agricole.
Devenir le premier syndicat agricole, comme le RN est le premier parti politique français relève-t-il du rêve ou de la réalité ?
Nous aurons la réponse à la fin du mois de janvier 2025 à l’issue des élections professionnelles dans les chambres d’agriculture.
D’ici là les dirigeants proches du RN dans la Coordination rurale (CR) espèrent obtenir la présidence de 25 à 50 Chambres d’agricultures (sur 97) alors qu’ils n’en dirigent que 3.
La CR est née en 1991 d’une scission de la FNSEA. Elle s’est d’emblée positionnée contre la cogestion avec le gouvernement et pour un protectionnisme agricole.
La cogestion pratiquée par la FNSEA depuis l’après-guerre au sein des structures agricoles (MSA, SAFER, Groupama, Crédit agricole) a permis de restructurer en profondeur l’agriculture sur un mode capitaliste.
La CR s’est adressée aux laissés pour compte de cette restructuration et de la PAC. Insensiblement elle a adopté un discours souverainiste qui laisse entendre que tout pourrait se réguler à l’intérieur des frontières hexagonales.
Cette hypothèse est bien sûr erronée, qui peut croire que les effets de la mondialisation peuvent être annulés par les seules frontières ?
La CR a aussi adopté un discours critique de l’ultralibéralisme (réforme de la PAC, traité de Maastricht, Mercosur) mais là aussi sur un mode souverainiste. Ce qui est critiqué c’est l’excès du libéralisme pas sa logique.
Les dirigeants RN de la CR surfent sur un mécontentement justifié du monde paysan en tentant de l’accaparer à leur propre profit.
Cette tentative d’OPA ressemble à celle faîte par Henry Dorgères dans les 1930, tentative d’OPA dont je retrace l’histoire dans une série sur ce site.
Historiquement, offrir un débouché aux luttes paysannes à toujours été compliqué pour l’extrême droite. Le corporatisme ne résout pas la différence d’intérêt entre gros et petits agriculteurs.
En revanche l’extrême droite excelle dans la récupération de la colère paysanne. Plusieurs des dirigeants estampillés RN de la CR comme Serge Bousquet-Cassagne (CR47), Christophe Barthès (CR11) où Yannick Bodin (CR50) . . . n’hésitent pas à encourager les actions coup de poing pour canaliser le mécontentement.
Plus que le canaliser, ils le dirigent même contre les écologistes et l’écologie. Par un incroyable tour de passe-passe ils cherchent à faire croire que les écologistes seraient responsables de leurs malheurs.
Cet écran de fumée vise comme pour l’immigration à trouver des boucs émissaires.
Le risque que les dirigeants de la CR embarquent une frange sincèrement radicalisée est réel.
Pour le contrer il faut montrer que là où ils sont élus, les dirigeants de la CR font l’inverse de ce qu’ils disent.
Serge Bousquet-Cassagne président de la chambre d’agriculture du Lot et Garonne brille ainsi par son clientélisme.
En janvier 2024 un rapport de la cour des comptes étrillait : « La gestion floue et entachée d’irrégularités de la chambre d’agriculture du Lot et Garonne. Elle relevait un budget insincère, une composition du bureau pléthorique, une mise à l’écart de l’agent comptable».
Des accusations qui relativisent le slogan de ce même Serge Bousquet-Cassagne « Servir sans se servir ».
Pour ce qui est de l’autre mantra de ce même dirigeant « Foutez-nous la paix, laissez-nous travailler ». Il est difficile de ne pas entendre : je fais ce je veux, où je veux, avec qui je veux, qui fleure bon le suprémacisme machiste.
Preuve si besoin était l’adresse publique aux élues EELV, Tondelier et Rousseau, lors d’un déplacement : « Retourne à la cuisine ».
La semaine prochaine nous irons voir du côté de nos amis de la Confédération Paysanne pour finir par la FNSEA.