Pour Aurélien Bernier, auteur de « L’illusion localiste » (éditions Utopia, 2020), le ‘’localisme’’ qu’il traduit par le fait de valoriser l’action locale et cette entité floue qu’est le territoire, peut être progressiste, libéral ou identitaire.
A Béziers, le localisme pratiqué par Robert Ménard n’est certainement pas progressiste mais il est assurément libéral et identitaire.

A ce titre, il est directement relié à une filiation d’extrême droite qui irrigue et explique les réalisations engagées localement tant au niveau municipal que de l’agglomération.

Le localisme a toujours eu une dimension identitaire puisqu’il vise à défendre le particularisme contre la généralité.

Charles Maurras et Maurice Barrès les premiers reprennent l’idée de l’enracinement selon laquelle tout nationalisme a besoin d’un ancrage local pour s’épanouir.

Dans les années 1960, la Nouvelle Droite développe un courant de pensée qui prône une Europe blanche, unie dans un ensemble de type impérial et un régionalisme identitaire. Ce projet est résumé par la formule : « L’Europe des cent drapeaux », une sorte d’Europe des ethnies qui pratiquerait le séparatisme culturel.

Dans les années 1970 / 1980 de nombreux cadres du GRECE (Groupement de Recherche et d’Etude pour la Civilisation Européenne) rejoignent le RPR, L’UDF et le FN. Ils considèrent que l’Etat nation est désormais trop grand pour traiter les petits problèmes et trop petit pour affronter les grands . . .

En 2016, Marine Le Pen rencontre Hervé Juvin ancien conseiller de Corinne Lepage qui s’est rapproché à partir de 2010 du Bloc Identitaire. Juvin inspire fortement le programme des élections européennes de 2019 et est élu au parlement de Strasbourg. Il impose dans le RN un volet très localiste issue de la Nouvelle droite.

Pour le RN et ses affidés comme le maire de Béziers, le bénéfice est triple :
- un élargissement de la question identitaire,
- une défense de la France périphérique,
- une construction écologique conservatrice refusant toutes dispositions qui porteraient atteinte aux coutumes, traditions, pratiques artisanales, au mode de faire agricole ou gastronomique.

La défiance croissante des citoyens vis-à-vis de l’Etat libéral qu’Emmanuel Macron incarne jusqu’à la caricature laisse penser que le localisme est durablement inscrit dans la doctrine de l’extrême droite.
Pourtant la menace de radicalisation identitaire semble être le cadet des soucis des libéraux au pouvoir en France.

Comme si la gestion d’une crise sanitaire sans précédent, la relocalisation de la production et le redressement d’une économie effondrée pouvaient se passer d’un état régulateur et de services publics nationaux structurés et bien dotés.

Comme si l’Etat n’était plus le garant, en droit, de l’égalité et de la solidarité entre tous les citoyens qui vivent sur son territoire.

Aurélien Bernier pense que le localisme ne doit pas être un sujet de diversion. Au vu de l’expérience localiste biterroise, il a largement raison.

 

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