Pour le meilleur et pour le pire, SOS racisme tient une place à part dans l’antifascisme en France.
Pour le meilleur, SOS racisme a initié des mobilisations festives qui ont totalement renouvelé et élargi la participation à des actions extrêmement massives.
Pour le pire, cette association a inventé une sorte d’antifascisme clientéliste à visée électoraliste.
SOS racisme est crée en 1984, par Julien Dray et Harlem Désir, un an après la marche pour l’égalité et contre le racisme. Cette association a pour slogan : « Touche pas à mon pote » et comme emblème la petite main.
L’idée de base de SOS racisme c’est combattre le FN en misant sur son aspect repoussoir et en créant une sorte de culture Bleu / Black / Beur avec comme principal vecteur la musique et principal support les grands rassemblements.
De fait cette association pense qu’en combattant les travers du FN on lui fait de la publicité. Il est à noter que ce débat est toujours d’actualité.
Avec une telle posture, SOS racisme est dès le début soutenu par des démocrates centristes et libéraux comme Simone Veil, Bernard Stasi, Michel Noir . . . Le projet politique est de créer un cordon sanitaire autour du FN à partir de valeurs humanistes communes à la gauche, au centre et à la droite.
Dans ce cadre-là, le soutien de certaines personnalités emblématiques extérieures à la gauche vise à rendre impossible l’acceptation d’une alliance avec Jean Marie Le Pen.
Par ses choix et par son orientation, SOS racisme ressemble plus à une ONG qu’aux associations historiques précitées dans cette série.
Sponsorisée par l’Elysée, SOS racisme est vite apparu comme une machine de guerre électorale.
François Mitterrand, grand marionnettiste de la vie politique avait deux fers au feu : le changement de scrutin avec l’application de la proportionnelle pour faire gonfler le FN, le pare-feu de de SOS racisme.
Si en façade le mouvement peut apparaître comme apolitique, en coulisse les manœuvres sont à l’ordre du jour.
Au soir de la présidentielle de 2017, Dominique Sopo, président de SOS racisme, déclare que chacun doit se mobiliser pour apporter sa voix à Emmanuel Macron afin d’administrer « une raclée électorale » à Marine Le Pen « Candidate de la haine et du repli ».
SOS racisme, L’UEJF et les étudiants de la FAGE appellent à voter Macron et organisent un « concert républicain », place de la république le 30 avril 2017.
Au final SOS racisme a su à un moment donné jouer un rôle important dans l’élargissement de la lutte contre le racisme, mais ses liens avec le PS et l’utilisation du combat antiraciste à des fins électoralistes restent sujets à controverse et l’objet de profonds désaccords.
Ce texte est un extrait de lecture du livre de Jean-Paul Gautier « Antifascisme(s) des années 1960 à nos jours », édité aux éditions Syllepse en septembre 2022, vendu au prix de 20 euros.
Je vous en recommande la lecture intégrale.