Fondée en 1928 par Bernard Lecache, la LICA se transforme en LICRA (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme) lors de son 33e congrès le 1er juillet 1979. La LICRA s’oppose conjointement au négationnisme et au néonazisme.
La LICRA édite un périodique « Le droit de vivre », qui est présenté comme le plus ancien journal antiraciste du monde, son rédacteur en chef était Antoine Spire. La LICRA mène une grosse activité juridique. Elle a intenté de nombreux procès au FN et à ses dirigeants, ce qui a fait dire à Bruno Gollnisch qu’il dénonçait « le racisme à sens unique de la LICRA ».
Face à l’activité juridique déployée par ses militants, l’avocat du FN, Wallerand de Saint-Just déclare : « Il faudra qu’un jour cette association stipendiée rende compte de la masse des deniers publics qu’elle fait dépenser au contribuable français ». Lors de son congrès de 2016, la LICRA s’inquiète déjà de la « lepenisation » des esprits. Elle constate que les thèmes de l’extrême droite se diffusent insidieusement dans la société française. Elle dit avec prémonition que dans presque tous les partis de l’arc démocratique et républicain on retrouve une minorité de partisans d’un repli national, prêt à faire de l’immigration le principal fléau de notre temps. Elle indique aussi que la communauté juive est devenue un objet d’intérêt électoral, que le FN sert de lieu de convergence d’intégristes catholiques et de païens, ce qui paraissait il y a peu comme inimaginable.
Lors de l’élection de 2017, l’association se prononce contre l’abstention et le vote RN. Elle produit un clip en direction des jeunes qui précise que le RN n’est pas un parti comme les autres, qu’il a été fondé par des miliciens et des collaborateurs. L’appel à voter pour Emmanuel Macron parce qu’il a signé la charte antiraciste qui lui a été soumise passe mal à l’intérieur et à l’extérieur de la LICRA. Il entraîne un débat qui va prendre de plus en plus d’ampleur : Macron peut-il être un rempart contre le RN ?
Au deuxième tour des législatives de 2017 et 2022 la LICRA demande des accords de désistement pour battre les candidats du RN et ses alliés. Cet électoralisme débouche sur un « tout sauf le RN » qui laisse entendre que n’importe quel parti peut faire obstacle aux idées du RN. Après la dernière loi immigration nous pouvons dire que c’est faux, que,car des partis qui prétendent s’opposer au RN reprennent ses idées.
Mis à part cette dérive électoraliste, la LICRA reste extrêmement vigilante sur les dérives antisémites au point que Dieudonné et Soral la considèrent comme : « le bras armé de la communauté juive organisée ».
Les récents événements du Proche-Orient ont rendu la lecture du positionnement de la LICRA encore plus ardue. Aujourd’hui, le risque est grand que la LICRA passe d’une opposition à tous les racismes à une à une prééminence à combattre les effets de l’antisémitisme. Elle suit en cela le parcours beaucoup plus engagé du CRIF, le Conseil représentatif des institutions juives de France qui est sur une pente encore plus accentuée. Si tel était le cas, cette évolution marquerait un recul dans la lutte globale en France contre tous les racismes.
Ce texte est pour partie, la partie historique, issu du livre de Jean Paul Gautier « Antifascisme(s) » édité aux éditions Syllepse en 2022. Je vous en recommande vivement la lecture intégrale.
