Il fait chaud. Ouh la la il fait chaud. Partout vous entendez cette même ritournelle. Et je ne parle pas de la montée de l’extrême droite au pays des droits de l’homme. Tu rencontres une connaissance et tu lui demandes : comment ça va ? Réponse : chaudement. Je me souviens d’un temps où on attendait la chaleur et le tis tsi des cigales, amis sudistes, avec impatience. Le corps se réjouissait de leur venue comme le retour à un état idoine. C’était notre revanche sur le centralisme parisien. La marque de notre identité. La promesse de moments conviviaux. Pourquoi alors cette pointe d’inquiétude se devine-t-elle derrière cette lamentation partagée ? Seuls les flamboyants lauriers roses et les intrépides geckos semblent se délecter de ces records de température.   

Oui, on a chaud, la conscience diffuse d’un danger bien réel dont nous sommes responsables se fait jour dans nos échanges les plus quotidiens. On ne le regarde pas encore avec toute la lucidité qu’il faudrait. On l’incorpore. Mais on pense encore se sauver à coup d’acclim et de ventilo. On voit bien les rivières s’assécher pourtant. On voit bien qu’elles sont si chaudes par moments qu’elles ne nous rafraichissent plus. Ni nous ni les centrales nucléaires censées produire de l’énergie propre.

Une petite voix se fait entendre, celle de la nécessité de produire et consommer moins et d’œuvrer à une meilleure répartition des biens essentiels. Nécessité radicale, extrême s’il en est parce qu’incontournable et urgente. Et ce n’est pas le RN qui va nous y aider.

En Europe la valse-hésitation se poursuit. Deux événements l’illustrent :

Le 8 juin la forte pression exercée par les industries lourdes sur les député-es européens en brandissant la menace de suppressions de millions d’emploi a eu pour conséquence de retarder la date à laquelle devait être interdit le droit à polluer, ces fameux quotas qui permettent aux industries de continuer à déverser dans les airs, les eaux et la terre de la planète les instruments de sa destruction. 

À l’inverse le 14 juin deux commissions du Parlement européen se sont prononcées contre le projet d’inclure le gaz et le nucléaire parmi les énergies vertes et ceci malgré les tensions internationales , au grand dam de la présidence française. Rien ne garantit que ce projet ne finira pas par aboutir. Mais ce rejet révèle que les institutions européennes sont elles-mêmes travaillées par la nécessité de s’adapter à la nouvelle donne climatique, même si la réalité et les intérêts de chaque pays jouent bien sûr dans les votes.

On peut espérer - ou pas - que les propositions qui viennent d’être faites pour réviser les traités européens en développant les compétences de l’Union notamment celles de la santé, élargissant les prérogatives du Parlement et mettant fin au droit de veto des États membre participent de cette évolution.

En France comme en Europe en tout cas une véritable transformation sociale, démocratique et écologique ne pourra se faire que si la rue et toutes les formes d’activisme imposent le débat et contraignent les pouvoirs à prendre des décisions collectives solidaires. Notre survie est en jeu.

Ouh la la on a chaud, on a chaud. Voici mon antidote du jour : on met sa casquette et on part batailler pas à pas. On woke à fond : alerter, éveiller, réveiller, souder les énergies. À ce propos, je vous annonce pour la rentrée une nouvelle rubrique d’Envie à Béziers « Elle est où ma ville ? »  qui viendra interroger l’espace urbain dans sa dimension la plus woke : Comment la ville inclut-elle ses habitants et habitantes ? Comment la rend-elle vivable et vivante pour tous et toutes ? Pride to be woke.

PS : Faut en rire :  Béziers : Façadisme vert.

 

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