« Tout se passe comme s’il était aujourd’hui plus facile d’imaginer la fin du monde que la fin du capitalisme ».
Reprenant à son compte une citation de Fredric Jameson, théoricien américain, Aurélien Berlan, philosophe jardinier comme il se présente, tente d’esquisser une possible sortie du capitalisme dans un ouvrage intitulé Terre et liberté. Mais pour cela il tord d’abord le cou à une pensée dominante : le fantasme de la délivrance, qu’il oppose à la quête d’autonomie.
Ce fantasme il le voit comme le désir insatiable de se délivrer des nécessités de la vie qui serait la condition de la liberté : faire faire ce que l’on ne veut pas faire.
Dans une démonstration très argumentée, il montre que sa réalisation passe par l’assujettissement des autres ou par son propre asservissement aux machines et surtout par la sécession des hommes et de la nature.
Par là-même il pointe que la question du progrès technologique est inséparable du capitalisme et pour résumer qu’il est illusoire de croire que la propriété collective de moyens de production résoudrait la crise écologique.
A ce fantasme de délivrance il oppose une quête d’autonomie au plus près de la terre : prendre en charge sa subsistance collectivement et égalitairement. Il n’en pointe pas moins toutes les difficultés du projet (il ne s’agit pas de croire créer des havres de paix dans un environnement hostile) et laisse ouverts de nombreux chantiers de réflexion mais au moins il permet d’apercevoir un changement de perspective.
C’est un peu un camp de base qu’établit Aurélien Berlan pour reprendre l’ascension par une face inexplorée.
"Terre et liberté" est écrit par Aurélien Berlan et publié aux éditions La Lenteur