« Que faire ? » C’est la question que l'on peut rapidement se poser dans ce contexte de réchauffement climatique et de destruction du vivant. Le constat est sombre, l'inaction des responsables politiques et économiques, flagrante! On est face au mur ! Le déroulé des différentes COP et celui de l'actuelle COP 26 ne peuvent malheureusement que le confirmer. Se résigner se serait perdre cette volonté de vivre. Alors ! Que faire ?
Depuis deux ans, agir concrètement, me semble une évidence. Il faut repousser à notre échelle et localement, avec les forces disponibles, les entreprises de destruction. Se fédérer et agir. Agir individuellement, mais agir surtout collectivement. Collectivement, syndicalement, mais aussi avec d'autres collectifs, d'habitants, de paysans, d'écolos, …
2020 et 2021, c'est l’émergence de nombreuses luttes de terrain contre la destruction de l'environnement, mais disons le plus franchement, la destruction du vivant. A l'appel des Soulèvements de la terre, je me suis senti vibrer. Je me suis clairement dit : "Oui, c'est ça qu'il faut faire. Partout ! Se rassembler et s'opposer, clairement, concrètement, sans compromis, aux destructions, afin de les stopper." Si cela n'enlève rien au reste, aux manifestations classiques, à la signature de pétitions, aux espoirs électoraux de certain.e.s (chacun.e agira en fonction de ses propres convictions), cela permet concrètement de protéger le vivant, de ralentir le réchauffement climatique. Car c'est dès maintenant qu’il faut construire une autre société (démocratique celle-ci), un autre modèle de rapport aux vivants, qu'ils soient humain, animal et végétal. C’est dès maintenant qu’il faut s'opposer à celles et ceux (surtout ceux) qui continuent dans la direction d’un productivisme destructeur et effréné de porter ces projets ubuesques.
Les méga-bassines ?
Parmi les projets complètement ahurissant, celui-ci à de quoi faire pâlir. D'autant qu'à en croire ses promoteurs, il serait la solution locale au réchauffement climatique. A tel point, que plusieurs dizaines sont prévues dans le Poitou-Charente... sans parler des autres régions qui en prendront le modèle.
Les bassines ce sont de gigantesques cratères de plusieurs hectares bâchés de plastique, pompant l'eau des sous-sol et des cours d'eau en hiver dans le but d'irriguer l’été les cultures de maïs destinées à l'exportation et à l'ensilage des élevages intensifs, que pratiquent 4 à 6% des exploitants agricoles les plus aisés du Marais Poitevin. Ces pompages viennent perturber le cycle naturel de l'eau, amoindrir les cours d'eau, accélérer la chute de la biodiversité. Qui plus est, ils sont financés à 70% par nous, à travers des fonds publics. Ils viennent prendre cette denrée rare, pour l'attribuer à une élite agricole, car oui, ces quelques pour cent ne sont pas des paysans. Le réchauffement climatique est en cours, les dégâts sur le vivant, sur les sociétés humaines, s’amplifient chaque année. Il nous faut développer une paysannerie locale et nourricière de son territoire. Or, les bassines c'est tout l'inverse. Elles viennent soutenir le modèle agricole industriel, destructeur et mortifère. Développer ces cratères en plastique c’est entretenir un système agricole inadapté au climat, accroissant l’épuisement des réserves en eau, c’est poursuivre des cultures gigantesques sur des terres mortes, nourries aux engrais et aux pesticides, c’est soutenir l’élevage intensif et ses conséquences néfastes, c’est détruire la biodiversité, c’est transformer les paysages en asséchant les cours d’eau, c’est artificialiser des hectares et des hectares de terres fertiles. L’eau est un bien commun et doit être pensé comme tel, pour l’usage des habitants, pour une agriculture propre et paysanne, pour la défense du vivant.
Non merci !
Ce 6 novembre, à Mauze sur le Mignon, réuni.e.s à plusieurs milliers, nous nous sommes rassemblé.e.s pour réaffirmer notre opposition à cette fuite en avant. L’affirmer haut et fort, par des mots mais aussi par des actes. De nombreux paysans/paysannes, venu.e.s avec une vingtaine de tracteurs étaient également présent.e.s pour s’opposer à ce modèle d’agriculture qui n'est pas le leur. Alors que les forces de l’ordre protégeaient le site d’un méga cratère en construction, nous empêchant toute approche, nous avons, à travers rivière, champs et bocage rejoint et désarmé une autre méga bassine. Désarmer, oui, car il s’agit d’une arme de destruction du vivant. Cette action collective, intergénérationnelle, vivante et festive est un jalon de plus dans la nouvelle société que nous souhaitons créer.
No basaran !