La question qui semble encore se poser pour certains ne peut que recevoir une réponse négative ! Désolé !
Celles et ceux qui s'imaginent qu'un surcroît de techniques et d'industrie, de découvertes ou d'innovations scientifiques peuvent nous sauver n'ont strictement rien compris aux défis qui nous sont posés.
Sans être catastrophiste ou collapsologue, il faut tordre le cou à toutes ces fausses solutions couramment mises en avant qui reposent sur des chimères ou bien oublient des pans entiers de la crise, bien plus grave qu'une seule crise climatique.
Car la crise que nous vivons est d'abord une crise de notre niveau de vie qui serait donc non négociable. C'est pourtant ce système de surconsommation et de surproduction qui nous projette droit dans le mur.
Faire croire que la transition écologique sera indolore est un mensonge qui masque mal la volonté de résoudre le vrai problème.
« Du sang, du labeur, des larmes et de la sueur» disait Churchill en mai 1940. Sommes-nous capables aujourd'hui d'affronter les conséquences d'une écologie qui se doit d'être radicale pour être efficace ?
Les catastrophes vont se multiplier : sécheresses, incendies, tempêtes et inondations, donc famines, migrations forcées et épidémies. Nous n'avons plus le temps, plus le temps de serrer le frein de la machine qui fonce sur le mur !
On dit que l'écologie se doit d'être anti libérale, anti capitaliste et anti système. Certes et les partis politiques qui s'en réclament ont raison mais n'est-il pas trop tard pour changer le système ? De plus en plus de personnes ne sont plus contre le système mais à côté ! Ils s'organisent autrement, réfléchissent autrement, vivent et consomment autrement.
Ces personnes sans se dire « écolo », sans être militantes incarnent une écologie en actes dans leur quotidien, une écologie qui passe par le faire plutôt que par le dire sans se présenter comme des modèles mais en cherchant toujours à mettre leurs pratiques en cohérence.
Ces « modestes économes » comme les nomment Fanny Hugues dans sa thèse (1) n'aspirent pas à une ascension sociale, au modèle des classes moyennes : travail salarié, pavillon périurbain, accès à davantage de biens de consommation. Ils préfèrent reproduire leur mode de vie sans vouloir s'en émanciper, acceptent des formes d'autonomie sans contrainte, s'en sortent avec peu de besoin et peu de dépenses, sans chercher à gagner plus d'argent. Ces personnes-là existent dans nos départements ruraux.
Je ne sais pas si c'est la solution, en tout cas c'est la leur! Peut-être un exemple à diffuser auprès des gens qui sans avoir l'appétence de la radicalité ont simplement envie d'avoir un avenir moins pourri et le retour à la simplicité volontaire est peut-être une solution !
Ce n'est pas la seule !
D'autres solutions existent, plus collectives, plus militantes, plus revendicatives plus « politiques ». Elles devraient donner plus de moyens aux métiers nécessaires à la transition, améliorer les savoirs-faire, surtout ne pas les perdre, relocaliser les activités agricoles, artisanales, productives, et reproductives, de réparation de réutilisation, de rénovation. Remobiliser la puissance publique pour créer des filières, des ateliers , des jardins, des régies de production, des centres de santé, des bourses du travail, des bibliothèques, des crèches, des coopératives. Redéfinir nos besoins, le type de biens qui nous sont indispensables, relocaliser les productions, planifier une décroissance des productions non essentielles. Retrouver ce souffle « populaire » qui depuis la fin du 19ème siècle a permis à toutes et à tous de vivre mieux, collectivement dans le respect mutuel.
Toutes les solutions qui tournent le dos à la croissance sans limites, au gaspillage, à la marchandisation de tout et de tous, et qui privilégient la réappropriation de nos destins et de nos vies apportent des réponses humaines aux défis de ce siècle.
Et si seules les mesures concrètes peuvent agir sur le réel, alors individuellement ou collectivement, il est temps de se mobiliser pour la planète, pour l'avenir de nos enfants et remplacer le niveau de vie par le bonheur de vivre ... ensemble !
(1) Fanny Hugues – Débrouilles rurales – thèse en sociologie à l'EHESS