Dix ans que le jeune Rémi Fraisse militant écologiste a trouvé la mort en manifestant contre le barrage de Sivens.
Dix ans qu’il a fallu attendre que justice soit rendue par la Cour européenne des droits de l’Homme qui a condamné la France pour violation du « droit à la vie » (article 2 de la Convention européenne des droits d’homme).
Maigre consolation et honte à la justice française pour qui cette mort était un accident. Elle avait estimé qu’il n’y avait pas lieu de poursuivre l’État et l’enquête s’était soldée par un non-lieu ! Du coup, jamais le gendarme auteur du lancer ni sa hiérarchie n’ont été mis en examen pour la mort du militant écologiste.
Cette décision est l’aboutissement de dix ans de combat judiciaire pour la famille qui n’a jamais accepté ce drame comme une fatalité et la faute à « pas de chance » mais c’est également le maintien de l’ordre à la française qui est remis en cause par la CEDH.
En 2017, 2021 et encore en 2023, le défenseur des droits n’a cessé d’alerter sur les dérives du maintien de l’ordre, sans que cela n’empêche la persistance de graves violences à l’encontre des manifestants à Sainte-Soline en 2023 ou l’an dernier sur le tracé de l’autoroute Castres-Toulouse.
Deux projets qui ont en commun, comme Sivens, d’avoir dû subir pendant des mois la violence d’État pour faire avancer des chantiers, avant que ceux-ci ne soient déclarés illégaux par la justice.
Rappelons simplement que Rémi Fraisse a été tué par l’explosion d’une grenade des gendarmes qui s’est coincée entre sa nuque et son sac. Ce type de grenade a depuis été interdit.
Pour le père de Rémi Fraisse, « la France ne sort pas grandie de cette affaire. Elle le serait si elle mettait tout en œuvre pour que de tels faits ne se reproduisent pas ».
En définissant les militant.e.s écologistes comme des éco-terroristes, les pouvoirs publics semblent plutôt avoir choisi le camp de la violence d’État !