Le village de Cambon et Salvergues dans l’Hérault tente-t-il d’obtenir le record Guiness de la commune ayant le plus grand nombre d’éoliennes par habitant ?
En tout cas sa maire ne ménage pas ses efforts pour y arriver.
Il y a actuellement 38 mâts pour 49 habitants et elle en veut 5 de plus.
Comme ses voisins de Murat sur Vèbre (81) et de Castanet le Haut (34) ne sont pas en reste, on dénombre 68 éoliennes en fonctionnement dans un rayon de 10km et 13 à venir, puisqu’autorisées mais pas encore construites !!
Porté par l’entreprise Valeco - qui s’est fait connaître notamment pour ses éoliennes construites sans permis à Bernagues au-dessus de Lodève - le nouveau projet sur le lieu-dit Pézille ne passe pas comme une lettre à la poste.
L’accumulation des machines sur un si petit périmètre cause des dégâts irréparables à la faune aviaire et aux chauves-souris. Cinq de plus ne feront qu’aggraver le problème.
Le Conseil national de protection de la nature sollicité par le promoteur pour obtenir une autorisation de destruction d’espèces protégées a d’ailleurs émis un avis défavorable.
Sur le plan paysager la Mission régionale d’autorité environnementale Occitanie pointe la covisibilité avec le lac du Laouzas ce qui est proscrit par le Scot des Hautes Terres d’OC dans le cadre de politique paysagère des lacs.
Le Parc naturel régional du Haut Languedoc, pourtant bien timoré quand il s’agit d’aller à l’encontre des intérêts financiers des promoteurs et des communes, donne également un avis très réservé.
Cerise sur le gâteau la centrale éolienne se situera en plein espace archéologique du néolithique.
Selon Rémi Azémar, chercheur associé au laboratoire Traces du CNRS, découvreur du site « Il s’agit d’un ensemble composé de gravures rupestres sur le chaos granitique, sous la forme de bassins et de signes gravés, qui donne à ce site un rang quasi unique par son importance dans l’ensemble de la région Occitanie (…). De surcroît la présence d’un dolmen inédit et conservé intact, préservé de toutes fouilles anciennes et avec l’ensemble de ses composantes architecturales au cœur de l’emprise du projet éolien, donne à ce site une dimension patrimoniale et scientifique majeure qui dépasse largement l’intérêt régional. »
Enfin, car il y a de l’humain aussi dans ces histoires, un jeune apiculteur installé là depuis quelques années va se retrouver cerné par les éoliennes : pas sûr que ses abeilles qui n’appréciaient pas les premières machines restent tranquilles avec 5 de plus, et lui ne se voit pas vivre « bercé » pas le doux bruit des rotors : « Le peu que j'ai est ici, la maison et la miellerie. C'est ce que je laisserai à ma fille après ma mort. Ce n'est peut-être pas grand-chose pour certains mais c'est un petit quelque chose qui lui permettra, peut-être, de s'en sortir dans la vie. »
Hors de question pour lui de laisser ce lieu de vie complètement pourri par cette centrale industrielle et qui perdra, au passage, sa valeur foncière.
Madame la maire et ses amis de Valeco font le forcing pour aboutir.
La parole est maintenant à l’enquête publique.
Même si on sait que les commissaires enquêteurs dénigrent souvent les avis négatifs vous pouvez y participer en envoyant votre contribution, avant le 13 février, en allant sur le site www.registre-dematerialise.fr/5897
Légende de la photo : une belle cupule