L’eau est devenue un problème majeur dans notre vie quotidienne : sécheresses, inondations, eau potable, irrigation agricole, etc. On s’inquiète à juste titre de l’utilisation dans l’avenir de cette ressource unique, bien commun, qui attire les convoitises et mobilise les intérêts.
On parle surtout de l’irrigation intensive en agriculture (1) avec ses excès, ses pollutions ou bien de la gestion de l’eau potable ou encore du holdup des minéraliers sur l’eau en bouteille. On parle moins de l’industrie nucléaire qui met pourtant notre eau en danger.
Le mardi 21 novembre 2023, le Parlement européen a pris une décision pour le moins inattendue : celle de qualifier l'énergie nucléaire comme une énergie verte sous prétexte qu’elle était neutre en émission de CO2 ! Du coup, quoi de plus facile de prétendre relancer le nucléaire sous prétexte de lutter contre le réchauffement climatique. C’est vertueux et écologique puisque l’Europe l’a décrété ! Pourtant l’impact du nucléaire sur la ressource en eau est considérable dans une période où se pose la problématique du partage de l’eau et de sa qualité.
D’abord le nucléaire dilapide la ressource en eau. Il est devenu le deuxième consommateur d’eau après l’agriculture. Non seulement il pompe l’eau de la mer et des rivières mais en plus, EDF a obtenu l’autorisation de ponctionner les nappes phréatiques en cas de pénurie d’eau.
Ensuite l’industrie nucléaire pollue l’eau qu’elle utilise. Le fonctionnement des installations nucléaires requiert de nombreux produits chimiques ainsi que divers métaux, substances rejetées dans les milieux aquatiques. A ces rejets autorisés il faut rajouter les « incidents » qui ne sont pas exceptionnels !
Mais en plus de la pollution chimique, l’industrie nucléaire rejette des éléments radioactifs dans l’environnement comme le carbone14 ou le tritium. La présence de ce tritium soulève de nombreuses questions quant à son impact sur les végétaux, les espèces aquatiques et les humains qui y sont exposés car des millions de personnes boivent quotidiennement cette eau même faiblement contaminée.
Enfin, l’eau utilisée pour refroidir les centrales est rejetée à une température plus élevée de 1 à 10° selon les modèles et les sites. On peut imaginer l’impact sur la biodiversité aquatique en particulier en été : migrations et reproduction des poissons, survie des alevins, prolifération d’espèces invasives et des algues.
L’industrie nucléaire est vulnérable en plus au réchauffement climatique. L’augmentation de la fréquence et de l’intensité des sécheresses et des canicules entraîne une baisse importante du débit de nos fleuves et rivières. Avec de faibles débits, les températures critiques seront rapidement atteintes.
Et les nucléocrates veulent construire 14 centrales EPR supplémentaires !
Je finirai par signaler que la montée du niveau de la mer menace les sites situés sur les littoraux. En particulier le site de Gravelines construit dans un polder et qui a été retenu pour accueillir ces nouveaux réacteurs.
Non, le nucléaire n’est pas une énergie verte, au contraire il pompe, pollue et réchauffe les eaux accélèrant ainsi les menaces sur la ressource en eau et la biodiversité !
(1) « Eau et Agriculture », la semaine de l’eau en Lodévois Larzac, conférences à écouter sur Radio Pays d’Hérault ICI
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