Alexandra Dupont a été la dernière locataire de l’A69. Dans une ITW donnée au quotidien « Libération » elle raconte comment elle a été expulsée par la société concessionnaire Atosca.
L’A69 c’est le projet d’autoroute le plus cher de France entre Toulouse et Castres.
Pendant des mois une locataire a exigé qu’Atosca la reloge dans une maison équivalente. À ce jour Atosca plus prompt à expulser qu’à reloger ne l’a pas fait.
La maison louée par Alexandra en 2013 à Verfeil avait une surface habitable de 360 m2 et un jardin de 8 000 m2.
Elle y vivait avec un compagnon, deux enfants, 3 chats, 2 chiens, 1 bouc et des poules. Elle y faisait son potager et mangeait ses cerises sur l’arbre, quand elles étaient mures.
Pour la reloger, Atosca, son propriétaire depuis 2023 lui a laissé le choix entre deux appartements HLM et une maison dont personne ne voulait, coincée entre la nationale et la future autoroute.
Alexandra n’est pas une zadiste, pas même une militante, c’est une citoyenne lambda expulsée par une multinationale.
Face au rouleau compresseur d’Atosca elle va faire alliance en mars 2024 avec les écureuils.
Les écureuils, ces militants qui montent dans les arbres pour défendre le vivant.
Elle les installe dans son jardin, elle n’est plus seule face à Atosca.
Pendant plusieurs mois une vie collective s’organise sur place.
C’est insupportable pour Atosca et les milices fascistes qui défendent l’autoroute.
Les insultes et les menaces de mort arrivent par courrier et téléphone. Les jets d’ordures deviennent récurrents et les visites des gendarmes plus pressantes.
Des hélicoptères et des drones survolent sa maison.
Mi-août 2024, vers 3 heures du matin elle entend hurler. En ouvrant la porte, elle voit 3 feux allumés par des fascistes.
Cinq jours plus tard, quatre hommes cagoulés mettent le feu à sa voiture.
Plusieurs cocktails Molotov sont jetés dans le jardin.
Avant de s’enfuir le commando fasciste asperge son compagnon et un ami d’essence et incendient le portail.
À la suite de cette agression, Alexandra perd neuf kilos, ne dors plus, ne mange pas. Sa vie est entre parenthèse.
Elle décide de partir de chez elle.
Elle rend les clés le 16 septembre dernier. Quelques jours après, Atosca essaye de raser la maison après avoir détruit le jardin.
Les écureuils résistent plusieurs semaines sur place, ils sont expulsés par la gendarmerie le lundi 7 octobre 2024
Avant de partir Alexandra a écrit en forme d’épitaphe sur les murs de sa maison : « Ici vivaient Greg, Alex, Erwan, Gaïan et toute la smala. »
En France, en 2024, l’expulsion d’une locataire a été favorisée par des commandos fascistes protégés de fait par la gendarmerie et par une multinationale.
N’en déplaise à Delga, c’est aussi ça l’A69.