Alors qu'on ne sait toujours pas quoi faire de nos déchets nucléaires qui restent radio-actifs donc très dangereux pendant des dizaines, des centaines ou des milliers d'années...

            alors qu'on se demande si on sait encore fabriquer des centrales nucléaires vu le feuilleton de la série française EPR en Chine ou en Finlande sans oublier l'épisode national de Flamanville qui devait être livré en 2012, annoncé désormais pour 2024 et dont le prix a plus que triplé. Pour rappel, les propos d'Henri Proglio, ancien PDG d’EDF : « L’EPR est un engin beaucoup trop compliqué, quasi inconstructible », 

            alors que se commémorent toujours les anniversaires des catastrophes de Fukujima et Tchernobyl, et qu'on n'en finit pas d'en supporter les conséquences,

            alors que l'énergie nucléaire connaît une baisse spectaculaire atteignant en 2022 le  niveau le plus bas depuis 40 ans,

            alors qu'on s'interroge partout dans le monde sur l'arrêt du nucléaire depuis des dizaines d'années, 

c'est justement le moment que choisit notre nucléo-président pour proposer à la COP 28 de tripler la capacité de production mondiale d’énergie nucléaire entre 2020 et 2050 sous prétexte que cette énergie serait « décarbonée » donc propre. Ah bon ! Emmanuel aime ça, le nucléaire et il y croit. Souvenez-vous qu'il projette d'installer de 6 à 8 mini EPR en France sans savoir si on sait encore les construire !

En somme, il propose le nucléaire comme solution pour sauver le climat, mais c’est un peu remplacer la peste par le choléra.

Il faut toujours qu'Emmanuel Macron se distingue dès qu'il est sur la scène internationale. Comique troupier ou amuseur public, il fait le buzz en permanence pour attirer les caméras de l'actualité, quitte à dire n'importe quoi !

Macron, l'Européen a-t-il entendu qu'au même moment, la présidente de la Commission européenne participait, elle aussi, à un événement parallèle ? Et cette fois, il n’était pas question d’énergie nucléaire. Ursula Von der Leyen a proposé que le monde triple, ou triple elle aussi  .... mais la capacité de production d’électricité d’origine renouvelable d’ici à 2030, éolien et solaire en tête, pas nucléaire ! Elle a également proposé de doubler le rythme mondial de l’amélioration de l’efficacité énergétique, lequel passerait de 2 à 4 % par an. 

Cette proposition  a reçu le soutien de 118 gouvernements. Celle de Macron n’a été signée que par vingt-deux pays, dont aucun n’est d'ailleurs capable d’engager un programme nucléaire d’ampleur, ni chez lui ni à l’étranger. 

Plouf !  pourrait-on dire. Ce n'est pas un grand succès pour notre président, ce président  que le monde entier nous envie, paraît-il ! Pas sûr que sa proposition soit même reprise dans la déclaration finale.

Car la démarche française interroge. Macron affirme s’appuyer sur l’analyse du Giec qui, dans son  rapport sur la stabilisation du réchauffement à 1,5 °C mentionne de nombreux scénarios énergétiques possibles, dont un seul évoque le triplement de la capacité nucléaire d’ici à 2050. L’argument est donc biaisé. Passons !

S'attaquer au charbon et aux énergies fossiles, c'est bien ! Parler des énergies renouvelables et d'efficacité énergétique, c'est mieux, mais je n'entends plus parler de sobriété c'est-à-dire de réduction de notre addiction à l'électricité.

 La solution, tout le monde le sait,  reste de remettre sur le tapis notre mode de vie entre surconsommation et gaspillage.  Il faut dire qu'avec la formidable offensive du lobby de l'automobile sur les versions électriques de notre parc, on n'est pas près de réduire notre consommation.

Cette COP 28 est encore une fois une vaste comédie médiatique au moment même où  les scientifiques du "Global Carbon Project" qui estimaient que le niveau critique de hausse de 1,5 °C de réchauffement de la planète serait effectif dans neuf ans, jugent désormais qu'il y a une chance sur deux que cela se produise d'ici seulement sept ans, en 2030. 

On rappelle quand même que l'objectif de la COP 21 à Paris en 2015  était de limiter à 2 °C le réchauffement planétaire en 2100, tout en espérant  le limiter encore davantage à 1,5 °C. On est largement en avance ....mais on ne devrait pas s'en réjouir !

À quoi donc tout cela sert-il ? Car si le seul avantage de ces COP réside dans le fait de se réunir et de parler d'avenir, de se faire plaisir en votant des déclarations sans lendemain, de fixer le lieu et la date du prochain raout mondial sans prendre les décisions que la situation catastrophique exige, alors arrêtons de faire semblant ! 

Cette année, l'ironie est au rendez-vous puisque les participants logent face aux usines pétrolières de Dubaï ! Tout un symbole !

Quand on aime, on ne compte pas, dit-on ;  Macron, quand il aime, il multiplie par 3 ! 

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