Communiqué commun du 3 septembre 2024 du réseau "Sortir du nucléaire", de Greenpeace France, et de CRILAN (Comité Régional d’Information et de Lutte Anti­nucléaire).

Ces organisations dénoncent ce qui n’est en réalité qu’un démarrage politique du réacteur en mode dégradé et rappellent que l’EPR de Flamanville accumule les déboires industriels. Avec plus de 12 ans de retard et un nombre alarmant de problèmes sur le réacteur, celui-ci représente un gouffre financier : plus de 20 milliards d’euros dépensés (soit 6 fois plus que prévu).

Au fil de la presse, des titres ronflants : “Les battements du cœur du réacteur”, “L’éveil de l’EPR”. Pour Yannick Rousselet, consultant en sûreté nucléaire pour Greenpeace France et expert de l’EPR de Flamanville.« On assiste aujourd’hui à une situation prévisible : EDF fait un événement sensationnaliste pour semer la confusion auprès du grand public, alors qu’on est loin d’un démarrage industriel effectif. Personne ne va recevoir dès maintenant de l’électricité provenant de l’EPR. À Civaux, dernier réacteur mis en service en France, il s’est écoulé 4 ans et demi entre l’autorisation de divergence et la mise en service commerciale réelle. » Derrière cet enthousiasme de façade, l’entreprise passe sous silence de nombreux éléments inquiétants. Le "quoi qu’il en coûte" semble prendre le pas : le nouveau couvercle du réacteur est prêt à Chalon-sur-Saône, mais EDF a choisi d’irradier inutilement le couvercle défectueux actuel en faisant un dangereux déchet radioactif qui vient alimenter le gigantesque volume déjà stocké qu'on ne sait comment gérer. Le fond de cuve subit des problèmes hydrauliques. Des détecteurs défectueux ont nécessité une modification dérogatoire des règles générales d’exploitation. EDF met l’accent sur la sûreté de l’EPR pour justifier ses retards. « Nous avons déposé, en juillet, une plainte qui est restée pour le moment sans réponse. Nous avons soulevé des irrégularités concernant des pièces de l’EPR qui ont été constatées par l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) elle­-même. L’absence de réponse de l’ASN à nos questionnements nous fait craindre que la divergence n’irradie des pièces défectueuses, entraînant des risques pour la population. »

Au­-delà des pièces défectueuses, de nombreux incidents ont ponctué les essais de démarrage, sans qu’EDF ne communique à ce sujet. 

Le démarrage politique annoncé est à relativiser : le réacteur ne produit aucune électricité. Il va déjà devoir atteindre 25 % de sa puissance maximale avant d’être raccordé au réseau. Les étapes sont donc encore très nombreuses : changement du couvercle, gestion de la cuve défectueuse, raccordement en temps voulu, etc. Le raccordement n’aura lieu qu’à la fin de l’automne et non comme prévu et annoncé dans les médias à la fin de l’été. 

5 septembre : au lendemain de son démarrage, le réacteur s'est arrêté automatiquement le mercredi 4, au lendemain de son premier démarrage. Les équipes d'EDF procèdent à des contrôles techniques et à des analyses avant de pouvoir relancer sa "divergence", c'est-à-dire la réaction nucléaire, a annoncé EDF. Commentaire :  « Ça prouve que le système de sécurité fonctionne bien. »

6 septembre (La Croix) : L’arrêt automatique du réacteur EPR de Flamanville peu après son démarrage fait suite à « une erreur humaine » dans la configuration de systèmes électroniques. Le mode opératoire n’ayant « pas été strictement respecté », a expliqué jeudi 5 septembre l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN).

11 septembre : le « Canard enchaîné » énumère les erreurs humaines : 22 juin un technicien oublie de fermer une vanne. Le 23 le système d’exploitation n’est pas dans la configuration attendue, « encore une boulette humaine ». Le 8 juillet, le dispositif de ventilation ne fonctionne pas. Le 26, une erreur de configuration rend indisponibles 2 des 4 groupes électrogènes. Le 23 août les règles de sécurité ne sont pas respectées.

16 septembre : « La presse de la Manche » signale que le réacteur de l’EPR vient de subir un nouvel arrêt automatique en pleine phase de démarrage.Le réacteur se situait à très faible puissance. L’arrêt automatique est intervenu alors que des essais étaient en cours sur un groupe de grappes de commande visant à mesurer le flux neutronique. Après caractérisation de cet événement « sans impact sur la sûreté du réacteur », les équipes d’EDF vont « procéder aux contrôles et réglages techniques adaptés puis reprendront les opérations de démarrage », précise l’électricien. Après ce deuxième arrêt non programmé, EDF préfère d’ailleurs la jouer profil bas et anticiper d’autres interruptions inopinées. La prochaine grande étape de ce démarrage est attendue pour la fin de l’automne.

À suivre… 

 

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies nous permettant par exemple de réaliser des statistiques de visites.