Berlin, la capitale allemande et le Land du Brandebourg affrontent une diminution rapide de leurs ressources en eau. Au cœur de cette diminution, un gaspillage industriel des ressources hydriques.

Pour alimenter un bassin démographique de 5 millions d’habitants, le Land du Brandebourg envisage de construire un pipeline d’eau de mer et des usines de dessalement depuis les rives de la mer Baltique distantes de 200 kilomètres.

Ce projet pharaonique est justifié par le ministre de l’Environnement du Brandebourg par l’annonce d’une consommation supplémentaire de 50 millions de mètres cubes d’eau (m3) par an pour la seule ville de Berlin en 2050.

Problème, ces réserves hydriques n’existent pas.

Berlin et sa région connaissent une situation de sécheresse depuis 2018 avec un déficit hydrique durable.

À cette sécheresse récente vient se rajouter une baisse de débit de la Spree, la rivière qui traverse Berlin et fournit la ville en eau potable.

Depuis plus d’un siècle, la Spree était alimentée artificiellement par des milliers de pompes qui y rejetaient l’eau des mines en amont de Berlin. 58 milliards de m3 ont été déversés, créant une abondance fictive.

Depuis l’annonce de la fermeture des mines de charbon en 2038 le volume d’eau pompé ne cesse de diminuer.

À l’été 2022, le débit de la Spree est descendu à 0,79 m3 / seconde, alors que le débit minimal habituel est de 4,5 m3 / seconde.

Au manque d’eau se rajoutent des pollutions. Les sites des anciennes mines sont gorgés d’acide et de boues sulfuriques. Cette acidité affecte les sols, les réserves et les cours d’eau.

Dans la même zone géographique, à 35 kilomètres au sud de la capitale, « Tesla » veut implanter une « gigafactory » dans une zone protégée d’eau potable.

« Tesla » utilise déjà 1,8 million de m3 d’eau par an pour une production de 500 000 voitures.

De surcroit, la construction supplémentaire d’un nouveau modèle de voiture électrique entraînerait l’artificialisation d’un million de m2, qui empêcherait l’infiltration naturelle de l’eau dans une zone protégée.

Loin devant « Tesla », le plus gros consommateur d’eau du Brandebourg est l’entreprise « LEAG » qui exploite des mines et quatre grandes centrales électriques au charbon. « LEAG » utilise 44 millions de m3 par an pour refroidir ses tours d’évaporation.

La raffinerie « PCK » dépasse les 13 millions de m3 et le sidérurgiste « Arcelor Mittal » consomme 6,65 millions de m3 par an.

Au congrès de la Chambre du commerce et de l’industrie de Berlin Brandebourg, il y a un mois, les industriels se demandaient si l’approvisionnement en eau de leurs usines pouvait être pérenne.

Rien n’est effectivement garanti !

Malgré ce, le Brandebourg veut devenir un important centre de production d’hydrogène vert pour l’industrie et le transport.

Mais pour l’instant, il faut 9 litres d’eau pour produire 1 kilo d’oxygène.