Les « climato-sceptiques » sont au pouvoir dans la région de Valence. Les « climato-rassuristes » sont au pouvoir en France. L’heure est venue de dresser les premiers bilans de leurs actions climatiques.

La coalition « climato-sceptique », au pouvoir depuis juillet dernier dans la région de Valence (droite « Parti populaire » et extrême droite « Vox »), venait de démanteler la cellule de crise qui permettait de coordonner les urgences dans la région de Valence avant les inondations.

La coalition « climato-rassuriste » au pouvoir depuis quelques semaines en France (Droite « Renaissance » et droite extrême « Les républicains), venait de revoir à la baisse les objectifs du troisième plan national d’adaptation au changement climatique 4 jours avant les inondations de Valence.

Les mêmes nous disent qu’il faut nous adapter à un climat réchauffé de 3 à 4 degrés centigrades et nous proposent de nous habituer à une culture du risque.

Il ne s’agit pas d’une histoire d’adaptation ! Si le réchauffement se poursuit au rythme actuel, de nombreux territoires en Méditerranée et ailleurs seront invivables, inhabitables.

L’adaptabilité a été pratiquée dans les sociétés méditerranéennes depuis la nuit des temps :

  • On ne construisait pas au bord des cours d’eau,
  • On habitait en hauteur,
  • On laissait les fleuves s’épancher dans les plaines et les deltas,
  • Les arches et les piles des ponts étaient calibrées pour ne pas être emportées, laisser passer les crues et les embâcles.

Au cours du vingtième siècle, cette « adaptabilité » à l’ancienne a disparu, le nombre de personnes exposées aux risques a fortement augmenté.

En pariant sur l’urbanisation, les zones commerciales, le tourisme de masse, la construction exponentielle de résidences estivales, l’étalement urbain a créé des bombes à retardement dont l'une vient d’exploser à Valence.

Si des concentrations de pluies identiques se produisent à Béziers, Montpellier ou dans certaines zones fortement urbanisées, elles produiront les mêmes effets qu’à Valence, car l’artificialisation des sols empêche l’infiltration et l’écoulement des eaux de pluie.

Dans un passé récent, le bassin méditerranéen a été régulièrement frappé par des catastrophes climatiques. Partout où il y avait un combo urbanisation/artificialisation des sols, elles ont été catastrophiques.

Il suffit pour cela de se rappeler de Nîmes en 1988, Vaison-la-Romaine en 1992,Trèbes plus près de nous, en 2018.

Les mêmes problèmes entraîneront les mêmes effets s’ils se reproduisent sur des zones fortement urbanisées et artificialisées.

Ironie temporelle, l’actuel premier ministre, Michel Barnier, alors ministre de l’Environnement, a mis en place en 1995 le Plan de prévention des risques (PPR) pour contrôler l’occupation des zones inondables.

Partout, ces PPR se trouvent contestés, suspendus ou repoussés. Chaque faille est exploitée pour bétonner, particulièrement dans tout l’arc méditerranéen.

Depuis 1995, le bilan est accablant. Des écoles, des crèches, des maisons de retraite, des stades, des campings, des établissements publics ou commerciaux sont construits dans des zones à risque.

Quand une catastrophe survient, les coûts pour la collectivité sont colossaux. Ils se chiffrent en centaines de millions d’euros.

La réalité de nos jours, c’est que l’inaction climatique annule l’adaptabilité proposée par le gouvernement français. Chaque dixième de degré supplémentaire à l’échelle du globe augmente les extrêmes hydroclimatiques.

Si nous restons sur la courbe d’évolution indiquée par le GIEC et par l’ONU (plus 3 ou 4 ° C à la fin du siècle), vivre sur le bassin méditerranéen deviendra une loterie.

Nous ne pouvons pas savoir où et quand la catastrophe aura lieu, mais nous savons qu’elle aura lieu.

Contrairement à ce que dit l’actuel premier ministre français, il n’y a pas d’adaptation possible. Accepter les 3 ou 4 ° supplémentaires, c’est accepter de jouer à une loterie climatique, avec la certitude de perdre - y compris la vie - comme les évènements de Valence viennent de le démontrer.

 

 

(Cet article est la résultante de réflexions partagées pendant la formation organisée par la Coord’eau 34, dispensée par l’Hydrologue Olivier Hébrard à Clamouse le samedi 2 novembre 2024, qu’ils en soient remerciés.)   

 

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