IMERYS multinationale de l'extraction minière avec le soutien inconditionnel de l'État français veut exploiter une mine de lithium à Échassières dans l'Allier.
En catimini, depuis plusieurs années déjà, sans qu'aucun citoyen n'en soit informé, l'État français sonde notre sous-sol, à la recherche de métaux, et particulièrement de lithium.
Et bingo, à Échassières, petite commune de 300 habitants, au fin fond du département de l'Allier, un gisement plus que prometteur est découvert, qui permettrait de produire chaque année 34000 tonnes d'hydroxyde de lithium soit la quantité nécessaire à l'équipement de 700 000 véhicules électriques (de style SUV) par an.
Ce projet titanesque est mené par l’entreprise Imerys, géant français de l’industrie extractive, qui partout où elle est implantée sème ravages écologiques et sociaux.
Ce projet porte le doux nom d'EMILI (Exploitation de Mica Lithinifère par Imerys).
Le 24 octobre 2022, de concert, IMERYS et le gouvernement français annoncent en grande pompe l'ouverture prochaine en 2028 de la plus grande mine de lithium en Europe.
« Des batteries 100% made in France et 1000 emplois directs et indirects » claironne Imerys. « Le projet sera exemplaire sur le plan environnemental et climatique » selon le ministre de l'économie de l'époque Bruno Le Maire. Un vrai Graal qui nous sauvera du réchauffement climatique.
« Le lithium sera extrait de manière responsable » promet l'ancienne ministre de la transition énergétique Agnès Pannier- Runacher.
Bref, on nous promet une mine propre.
Une mine propre vraiment ?
Le lithium sera extrait à partir de la roche dure. Cette technique choisie par Imerys n'est pas sans conséquence pour l'environnement : poussières volatiles, résidus de roches chargés de minéraux contaminant eau et terre. Le processus complet est énergivore et demande quantité de produits chimiques.
Ces observations, l'entreprise les balaie d'un revers de manche dans son communiqué : « Imerys vise à réduire les émissions de CO2 de son exploitation, afin de produire du lithium avec des émissions inférieures de moitié à celles de toutes les autres exploitations ». Eau utilisée en circuit fermée, mine souterraine, transport par train, Imerys a tout prévu !
Michel Jarry, président de France Environnement, déclare au magazine Reporterre « une mine propre, ça n'a jamais existé et ça n'existera jamais. Les risques de pollution des eaux, des sols et des airs sont réels et ce serait un beau mensonge que de dire le contraire » (1)
Un sous-sol classé E : niveau le plus élevé de la pollution minière
Un autre risque environnemental vient du lieu de l'implantation de la mine. Là, le géant de l'extraction ne l'a pas vu venir ou ne s'en est pas inquiété, bien qu'il sache, au vu son expérience, qu'une mine laisse toujours des traces !
Le département de l'Allier est un ancien pays minier.
En 2018, le bureau d'expertise public spécialisé dans l'après mine, GEODERIS a publié une étude sanitaire et environnementale, qui évalue notamment la qualité des sous-sols. Cette étude montre des niveaux élevés en arsenic, plomb, tungstène dans les secteurs où Imerys a commencé son exploration, classant ainsi le sous-sol catégorie E : niveau le plus élevé de la pollution minière.
Le risque en ouvrant une mine au contact de cette ancienne mine est que tous ces métaux lourds dont certains cancérigènes , terminent dans les eaux et dans les airs.
Imerys assure avoir pris en compte toutes les zones identifiées par le rapport de GEODERIS. La multinationale atteste « que des études environnementales sont en cours et que leurs conclusions seront rendues publiques lors du dépôt de dossier de demande d'exploitation ».
L'entreprise a réalisé son propre rapport, mais celui-ci, publié en 2023, n'a pas pris en compte les pollutions existantes !
Pillage de la ressource en eau
Produire des métaux exige toujours beaucoup d'eau. Les pays du Sud en savent quelque chose. Au Maroc, au Chili par exemple des habitants proches de mine de métaux se voient privés d'eau courante et contraints à la révolte.
Produire un kilo de cuivre peut nécessiter 130 à 270 litres d'eau , 1kg de nickel 1000 à 1700 litres et 1kg de lithium jusqu’à 2000 litres !
Même parmi les habitants les plus favorables au projet de mine à Échassières, l'eau concentre toutes les inquiétudes.
C'est d'abord les répercussions que pourrait avoir l'extraction sur l'écoulement naturel des eaux du bassin versant de la Bosse, sommet du massif et lieu de l'extraction.
« Il y a de quoi s'inquiéter quand même....... Aller creuser à 400 ou 500 mètres sous terre, aller faire une mine de gruyère dans une montagne au-dessus de nous, il y a une quinzaine de ruisseaux qui démarrent de la Bosse. Si on nous perturbe ça … » s'inquiète un ancien agriculteur à Échassières.
La question de la ressource en eau est aussi complexifiée par le réchauffement climatique à l’œuvre dans la région lors des dernières années de sécheresse.
Imerys a mené ses propres études ; mais celles-ci ne décrivent pas avec certitude comment sera impacté le contexte géo-hydraulique de La Bosse ; elles ne prennent pas non plus en compte les influences que pourrait avoir le changement climatique.
Imerys prélèvera 1,2 millions m3/an dans la Sioule et le Cher. Est- il sérieux de soumettre ces cours d'eau déjà en tension hydrique à de tels prélèvements ?
(Fin de la première partie – la suite, à lire la semaine prochaine)
(1) https://reporterre.net/Mine-de-lithium-en-France-Un-casse-tete-environnemental