Les batteries au lithium ne sont pas considérées en France comme des matières dangereuses. Pourtant elles sont à l’origine de trois catastrophes industrielles, dont deux dans des sites classés « Seveso, seuil haut ».
Le nombre de batteries lithium augmente à mesure que se répandent les moteurs électriques.
Ces batteries sont connues pour leur propension à s’enflammer, ce qui augmente les risques de stockage.
En l’espace, d’un an, trois catastrophes industrielles majeures viennent de rappeler que les stockages – qui plus est dans des sites classés « Seveso seuil haut » - sont une aberration écologique.
Le 28 février 2022 au large des Açores, le cargo « Felicity Ace » brûle et fait naufrage à la suite de l’incendie d’une des 4 000 voitures électriques qu’il transportait.
Le 16 janvier 2023 à Grand-Couronne dans l’agglomération de Rouen le feu démarre dans l’entrepôt de batteries lithium usagées « Bolloré Logistics ».
12 000 batteries usagées y étaient entreposées.
Rapidement incontrôlable le feu se propage à d’autres zones de stockage dont une, contenant 70 000 pneus usagés.
La ville de Grand-Couronne et une partie de l’agglomération rouennaise est survolée par les fumées noires de l’incendie. Parallèlement, des boules de feu s’élèvent sur une centaine de mètres de hauteur.
Aucune mesure d’évacuation n’est ordonnée par la préfecture qui quelques années plus tôt avait dû gérer une autre catastrophe industrielle, celle de « Lubrizol ».
Un an après l’imposante carcasse calcinée des entrepôts « Bolloré Logistics » commence à peine à être déconstruite. Sur le site, un magma de lithium et de plastique fondu recouvre le sol.
En sous-sol, les eaux de la nappe phréatique sont totalement saturées de lithium. Suivant la direction du site cette eau contaminée serait « confinée » par une barrière hydrique qui empêcherait qu’elle se répande . . .
La dépollution du site n’est toujours pas actée.
Dernièrement à Viviez dans l’Aveyron le site de la SNAM stockait 900 tonnes de batteries au lithium. Le samedi 17 février 2024, un incendie a consumé pendant plusieurs jours l’entièreté de l’entrepôt.
Lorsqu’elles s’enflamment, les batteries lithium sont très difficile à éteindre.
L’eau déversée en grande quantité sert avant tout à faire baisser la température afin d’éviter un « emballement thermique » qui pourrait provoquer des explosions.
L’eau projetée pendant plusieurs jours par les pompiers a par contre deux inconvénients.
Elle peut combiner le fluor et le fluorure d’oxygène et créer un gaz.
Elle risque de polluer irrémédiablement les sols par la combinaison de l’électrolyte et de l’eau en produisant un acide très polluant.
Aux dires de la direction de la communication des deux sites impactés, tout risque de pollution de l’air aurait été écarté.
La même banalisation va être difficile à mettre en avant pour la pollution des sols avec ses conséquences sur la population environnante.
Reste le problème majeur : à quoi sert de classer des sites « Seveso seuil haut », si à l’instar des centrales nucléaires on ne sait pas faire face à la catastrophe industrielle qu’ils peuvent engendrer ?