Pour les nazis et pour Vichy, les médias étaient un secteur stratégique qui devait être contrôlé. L’occupant prit la question à la base en prenant le contrôle de tous les médias. Vichy, de son côté géra les miettes que lui laissa l’occupant nazi.

Dès la signature de l’armistice, l’occupant nazi met en place une stratégie différencié de contrôle de la presse au travers :

- de la cession de 49 % des parts de Hachette au groupe allemand Mundus,

- d’une politique de rachat subventionnée par Information Abteilung,

- de la récupération de plusieurs maisons d’éditions par le groupe Hibbelen, au titre de la politique dite de « l’aryanisation »

Pour autant, l’occupant a le souci de maintenir une « façade française », pour cela il recrute des français prêts à collaborer pour remplir les fonctions de direction, rédaction. Pour les nazis il fallait rassurer la population française.

La presse était aussi contrôlée par l’autorisation de paraître, la répartition du papier pour éditer, la distribution de financements.

En 1941 il existe encore une relative diversité dans les journaux diffusés mais le contrôle s’exerce en amont.

Toute la presse écrite et audio est alors soumise à la censure préalable. Elle reçoit des « consignes » de l’occupant et de Vichy. Il lui est précisé ce dont elle peut parler et en quels termes. En définitive, les journaux qui ne soutiennent pas ouvertement l’occupant publient sous sa tutelle, ce qui entretient l’illusion d’une liberté d’opinion.

Pour ce qui concerne la radio, la convention d’armistice avait fait fermer toutes les stations. Leur réouverture fut l’occasion d’une reprise en main totale :

- à la propagande de Vichy étaient réservées les ondes de « Radio Nationale »,

- à la propagande du Reich étaient réservées les ondes de « Radio Paris ».

Radio Paris fut autorisée à émettre le 7 juillet 1940. Elle dépendait totalement de la Propaganda Abteilung, et fonctionnait sous la direction du capitaine Bofinger ancien directeur de Radio Stuttgart. Les deux corédacteurs en chef étaient membres du PPF de Jacques Doriot.

Radio Paris était une radio militante et de divertissement. Militante, dans le sens où elle donnait corps à la collaboration. De divertissement, car le public populaire écoutait toute la journée les vedettes françaises de l’époque.

Pour les lecteurs et les auditeurs l’illusion était donc totale. Ils avaient l’impression d’écouter et de lire une radio et une presse libre. Elle était en réalité totalement contrôlée.

Pour ce qui concerne l’édition, le contrôle est tout aussi radical. Une première liste « Bernhard » arrive avec les troupes d’occupation. Elle interdit la vente de 143 livres.

Cette première liste est suivie de deux autres sous l’autorité d’Otto Abetz. Elles sont élaborées avec la complicité des éditeurs qui expurgent eux-mêmes des titres avant toute forme d’obligation.

Une convention de censure renvoyait toute publication aux services de l’occupant.

Une liste d’auteurs à promouvoir est diffusée par la propagandastaffel.

A partir de la fin 1942 l’écran de fumée construit par Vichy et les nazis se dissipe.

Le remaniement ministériel de janvier 1944, nomme Philippe Henriot, ancien député, journaliste collaborationniste, ministre de l’Information et de la Propagande.

Il est tellement haï qu’il est abattu par la résistance à Paris le 28 juin 1944.

Le succès de la collaboration médiatique est lié à la victoire militaire de l’occupant elle se poursuit pendant toute la durée de l’occupation. Les défaites qui s’accumulent à partir de la fin 1942 entraînent une guerre des ondes qui sera évoquée dans un prochain article.

 

Cette contribution est issue de notes de lectures d’un ouvrage codirigé par Agnès Callu, Patrick Eveno et Hervé Joly « Culture et Médias sous l’occupation » paru aux Editions du Comité des travaux historiques et scientifiques en 2009