Très petit village (348 habitants en 1939), connu pour être le plus méridional de France, Lamanère est un ancien site minier qui va voir affluer des milliers de réfugiés qui passent à pied par le col de Malrem à 1400 mètres d’altitude.

Les premiers jours, un immense faitout propose une soupe chaude aux exilés. On distribue aussi du pain blanc et du chocolat. Les premiers arrivants sont logés chez l’habitant. L’école est réservée aux blessés, aux femmes et aux enfants. Les jeunes gens s’abritent sous le préau et les hommes à l’église.

Mais très vite l’hébergement va s’avérer très difficile. Au déferlement des réfugiés va s’ajouter l’arrivée de la troupe venue renforcer les gardes mobiles.

Les passages à Lamanère sont considérables pour un si petit village ils sont évalués à 10 000 sur une quinzaine de jours.

Depuis les cols de Malrem et Les Falgueres, les réfugiés ont marché des heures dans la montagne depuis Beget en Espagne. Ici comme dans les autres lieux de passage, l’école sert d’emblée de centre d’accueil et d’infirmerie. Mais c’est surtout à l’hospice que les malades et les blessés sont pris en charge par les sœurs de Saint-Vincent de Paul avec le renfort d’infirmières de la Croix-Rouge.

Le petit village de Lamanère ne pouvait pas par ses propres moyens (et malgré la bonne volonté de ses habitants) nourrir tant de monde.

  1. Dubic, le maire, demanda de l’aide aux villages environnants et à la sous-préfecture de Céret pour « essayer de ravitailler tous ces malheureux à moitié hébétés par leur infortune ».

Le plus gros du ravitaillement arrivait d’Arles-sur-Tech, plaque tournante du dispositif. Il s’effectuait par camions.

Beaucoup d’animaux entraînés dans l’exode finissent par être abattus. Ils servent aussi à nourrir les réfugiés.

Mi-février, les derniers réfugiés s’apprêtent à partir. Francine Mach pleure quand les deux couples avec deux bébés quittent son domicile.

Ce texte est un extrait de lecture du livre de Serge Barba « De la frontière aux barbelés, les chemins de la Retirada 1939 » édité aux éditions Trabucaïre en 2017. Je vous en recommande vivement la lecture.