Un jour de février 1939, Louis Calvet se rend à sa grange de Saletes située à 2 bonnes heures de marche du village. Là, il découvre, stupéfait, qu’une vingtaine de personnes y ont trouvé refuge.
Nul n’ignorait à Py que les républicains espagnols affluaient en masse en Catalogne nord. Mais les habitants du village n’auraient jamais imaginé que des réfugiés arriveraient chez eux par les rudes sentiers enneigés de l’hiver.
Seuls le désespoir et une frontière fermée par les franquistes pouvaient pousser ces hommes et ces femmes à franchir l’unique passage libre trouvé sur les hauteurs inhospitalières de Py-Mantet.
La simple description du périple des réfugiés décrite par un autre habitant de Py, Paul Calvet, rend compte de l’épouvantable épreuve traversée : « À Py les réfugiés ne pouvaient arriver que par Setcases, vu le relief de nos montagnes. Ils sont passés entre la Portella de Callau (2400m) et à droite le Roc Colom. »
Les tempêtes de neige dans le massif du Canigou sont terribles. Celle qui accompagnait les premiers réfugiés, ne fit pas hésiter le maire de l’époque, Sébastien Calvet. Il s’occupa immédiatement d’organiser les soins et les secours nécessaires.
Très vite la restauration et l’hébergement furent assurés. Une liste des familles capables d’héberger fut établie. Il n’y eut que deux foyers trop éloignés qui ne participèrent pas à cette répartition.
Le passage des réfugiés espagnols dura deux bonnes semaines. Paul Calvet le situe vers la fin de février 1939 et estime le nombre de réfugiés à 250 personnes.
À la fin du mois, quelques personnes réussirent encore à gagner le village. C’est souvent chez le maire qu’elles furent accueillies.
Fait notable, parmi les républicains espagnols figuraient des volontaires français partis combattre le fascisme.
Ces évènements ne firent pas la une des journaux et ne furent pas cités. Nous devons leur publication au travail de mémoire réalisé par Serge Barba.
Ce texte est un extrait de lecture du livre de Serge Barba « De la frontière aux barbelés, les chemins de la Retirada 1939 » édité aux éditions Trabucaïre en 2017. Je vous en recommande vivement la lecture.