Ce que Robert Ménard ne vous dira pas au conseil municipal et à la télévision sur la situation en Ukraine.
Le 17 septembre dernier s’est tenue à Kiev la conférence annuelle de l’ONG Mouvement Social ( Sotsialnyi Rukh, SR ). Vladislav Starodubtsev, historien, militant de l’organisation socialiste ukrainienne à répondu aux questions du représentant de Démocratie et Socialisme lors de cette conférence.
Sotsialnyi Rukh est une organisation démocratique de la gauche anticapitaliste. Elle a pour but de créer un grand parti de gauche en Ukraine. Elle est largement issue des forces de la gauche radicale mobilisées dans la révolution du Maïdan. Elle est héritière de l’ancienne organisation Trotskyste « Opposition de Gauche ».
Aujourd’hui, SR est la plus grande organisation de gauche en Ukraine. Elle travaille en étroite collaboration avec des éléments progressistes de la société civile, en particulier les syndicats.
SR a mené une campagne pour l’annulation de la dette extérieure qui a conduit au gel de la dette. SR est aussi engagé dans la protection des droits des travailleurs pendant la guerre impérialiste russe.
Les salariés Ukrainiens font face à de nombreuses difficultés. Le gouvernement et le parti au pouvoir essaient d’utiliser le conflit en cours pour concrétiser sa vision néolibérale. La guerre a commencé par des réductions d’impôts pour les entreprises et des attaques contre les droits des travailleurs. Le gouvernement à adopté une loi temporaire qui limite considérablement la possibilité pour les travailleurs de défendre légalement leurs droits.
La loi n° 5371 minimise le rôle de l’état dans la réglementation du travail.
La loi n° 5161 introduit des contrats de zéro heure. Dans de tels contrats, une personne peut gagner moins que le salaire minimum si son employeur ne lui fournit pas de travail.
La loi n° 7251 décharge les employeurs de payer les salaires des engagés volontaires dans l’armée.
Pour s’assurer la « coopération » du plus grand syndicat d’Ukraine, le FPU, le gouvernement met en avant son projet de « nationalisation libérale » qui consiste à nationaliser les propriétés des syndicats.
La pression sociale s’est accrue avec l’optimisation massive des entreprises d’état, par une campagne de privatisation de masse, par des allègements fiscaux pour les riches.
Au début de la guerre, une nouvelle réforme fiscale a été proposée, elle prévoit essentiellement des réductions d’impôts pour les grandes entreprises.
Face à ce contexte, la gauche ukrainienne est incroyablement unie, surtout dans le cadre de la guerre en cours contre l’occupant russe.
SR coopère ainsi avec les deux plus grandes fédérations syndicales d’Ukraine, avec les syndicats indépendants, les organisations syndicales de base.
Au niveau politique SR coopère avec les collectifs de solidarité, une organisation anarchiste principalement orientée vers l’aide humanitaire aux militaires de gauche dans l’armée et aux habitants des villes proches de la ligne de front. SR coopère aussi avec des organisations féministes, d’autres groupes de gauche comme la plateforme social-démocrate ou le groupe de réflexion CEDOS.
Au niveau militaire SR a un groupe de travail entièrement dédié à l’humanitaire qui organise le soutien aux forces militaires de gauche. SR revendique la défense de l’Ukraine et de son peuple contre l’impérialisme russe. Ses militants sont organisés en bataillons comme les socialistes, les anarchistes, les syndicalistes.
Au niveau économique, SR regrette que le gouvernement n’ait pas opté pour une économie de guerre qui aurait renforcé les industries d’armement.
Au niveau international, SR attend de la gauche internationale des campagnes pour amplifier les livraisons d’armes modernes. SR souhaite aussi que l’état russe soit sanctionné et isolé, y compris par l’embargo sur le gaz et le pétrole, que l’Ukraine soit aidée économiquement sur des bases sociales.
( cet article est rédigé à partir de morceaux choisis. Vous pouvez lire l’intégralité de l’interview de Vladislav Starodubtsev sur le site de GDS, Gauche Démocratique et Sociale )
